Vous lirez dans l’article « Où le président Khaldi veut-il emmener la fédération des DDEN ?», des extraits du courrier du 21 mars 2021 adressé par le Président de l’UDDEN des Bouches-du-Rhône s’adressant à tous les Délégués Fédéraux et collègues DDEN des Unions Départementales.
Il nous informe du coup de force organisé par Eddy Khaldi qui fait exclure l’ancien et le nouveau Président avec une dissolution de l’ancienne Union prononcée au profit d’une nouvelle Fédération Départementale hâtivement constituée avec les seuls amis de Khaldi.
Napoléon III n’avait pas fait mieux pour s’installer et garantir son pouvoir absolu contraignant un Victor Hugo à l’exil. Le Président de la République, qui dirige la France avec les pouvoirs du monarque qui, si on parle de la 5ème République, est précisément un coup d’État permanent (dixit François Mitterrand), a fait au moins un émule avec le Président Khaldi.
Le crime de la Fédération Départementale 13 ? Avoir rendu public des demandes d’écoles publiques scandaleusement sinistrées de certains quartiers populaires de Marseille. Inadmissible tonne le monarque de la Fédération Nationale venu expressément de Paris pour visiter 9 écoles, mais avec l’engagement de ne rien publier avant les élections municipales !
Nous sommes loin de querelles de personnes ou d’opinions contradictoires. Nous sommes face à une entreprise de subordination totale des DDEN aux autorités politiques nationales, académiques, départementales et locales.
Rappelons ce qui fut largement exposé dans les Éditions précédentes du DELEGUE LAIQUE : l’exclusion des 7 DDEN de la ville de Sevran, prononcée irrégulièrement et arbitrairement par le Président de la Fédération Départementale de Seine-Saint-Denis (Jean-Marc Minetto), lui-même en pleine campagne politique comme candidat au poste de Maire de sa commune.
L’exclusion est prononcée un mois après une AG départementale dans laquelle personne n’avait élevé la moindre objection, bien au contraire, au travail de signalement des difficultés des écoles de Sevran réalisé avec les enseignants, les parents élus des Conseils d’Ecole et leurs organisations. 5 cahiers ont tous été élaborés à partir des demandes écrites formulées par chacune des 28 écoles de la ville et figurant dans les comptes-rendus des Conseils d’Ecole. Ils ont été présentés aux autorités académiques, la Mairie et la Préfecture qui ont reçu « le comité de suivi » constitué et régulièrement réuni avec des DDEN qui en ont assuré l’organisation collective garantissant transparence et respect de toutes les composantes.
Pour le Président de la Fédération Nationale, comme pour celui de la Fédération de la Seine-Saint-Denis, la loi du silence et le « pas de vagues » doivent régner sous peine d’exclusion sans procès ! En clair les DDEN devrait abandonner leur mission principale qui fait leur utilité et leur importance : signaler aux autorités responsables tout ce qui ne va pas et tout ce qui est nécessaire pour assurer des conditions de la vie scolaire digne de l’Ecole de la République et travailler avec les amis de l’École Laïque pour obtenir des résultats réels et pas des discours aussi ronflants qu’hypocrites sur les valeurs de la République dans lesquelles chacun met ce qu’il veut…
Un DDEN peut s’indigner que des écoles publiques soient dégradées, abandonnées, maltraitées et qu’en période d’une pandémie qui fait des ravages dans nos écoles, les autorités n’aient pas dégagé un seul centime pour protéger les personnels, les élèves et leurs familles. Il peut le faire, mais, selon les Présidents Khaldi et Minetto, il doit surtout… « fermer sa gueule »!
A Marseille comme à Sevran, les DDEN ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont d’abord voulu rester fidèle à leur mission originelle et originale : signaler, signaler et encore signaler pour que les conditions de la vie scolaire soient respectées par les autorités de l’Education Nationale et municipales selon leurs responsabilités respectives.
Force est d’ailleurs de constater que les IEN, DASEN, Recteurs, Préfets et Maires reconnaissent encore, pour la plupart, ce rôle de « lanceur d’alertes » des DDEN. Ne lui permette-t-il pas d’exercer leurs fonctions en tenant compte de la parole indépendante et avisée des DDEN leur évitant des scandales qu’ils souhaitent évidemment éviter.
Le silence n’a jamais évité les sandales, il les étouffe
A Marseille comme à Sevran, les DDEN n’ont pas été radiés par les DASEN qui les ont nommés après consultation et vote des CDEN, désavouant ainsi les Présidents Khaldi et Minetto. Il est vrai qu’une radiation imposait une explication publique devant le CDEN et autorisait un recours au Tribunal Administratif face au caractère arbitraire de ces sanctions ultimes.
C’est là qu’intervient le renouvellement quadriennal des DDEN qui doit intervenir avant fin juin 2021 dans tous les départements.
Rappelons ici le double caractère de la fonction de DDEN :
- Administratif : nomination pour 4 ans par le DASEN sur la base des articles du Code de l’Education après consultation du CDEN et possibilité de constituer des Unions Départementales et Locales. Le DDEN est considéré comme un « fonctionnaire bénévole ».
- Associatif : loi 1901 avec constitution d’une Fédération Nationale et de Fédérations Départementales avec paiement d’une cotisation et de statuts départementaux.
On peut donc être DDEN et non adhérent à la Fédération. C’est le cas des exclus par la bande à Khaldi que les DASEN n’ont pas relayés en ne procédant pas à leur radiation.
L’échéance du renouvellement, obligatoire pour les DDEN actuels, intervient maintenant. Il suffit que le DASEN ne présente pas une candidature pour que celle-ci disparaisse sans autre forme de procès.
Déjà, dans plusieurs départements, des demandes de renouvellement font l’objet d’interventions pour qu’elles ne soient pas présentées au CDEN de juin. Combien de DASEN se plieront à cette pression organisée par la bande à Khaldi ?
Une charrette de non-renouvellements se prépare-t-elle dans la plus grande discrétion ?
Nous le saurons très vite désormais.
La Fédération des DDEN est bien à la croisée des chemins. La bataille nauséabonde, menée par la bande à Khaldi, pour normaliser la Fédération pour tenter de transformer le DDEN en agent d’exécution des orientations ministérielles et ou municipales, si elle parvenait à son terme, signifierait, ni plus ni moins, qu’une destruction d’une composante du mouvement laïque dans notre pays.
L’enjeu va bien au-delà du cercle des DDEN dont l’indépendance était une garantie pour les personnels des écoles et leurs syndicats, pour les parents et leurs associations. Il concerne tout le mouvement laïque qu’il s’agit d’alerter sur le sabotage et le sabordage que l’actuelle Direction de la Fédération Nationale des DDEN, flanqué du « Collectif laïque », est en train d’organiser.
Nous en saurons plus dans quelques semaines.
Michel Bureau