Eddy Khaldy chercherait-il à modifier le rôle des DDEN dans les Conseils d’école ?

Dans le rapport d’activité pour le congrès de Rennes publié dans le n°259 du « Délégué » un chapitre est consacré à « Le conseil d’école : pour une gestion tripartite ». Ce titre m’a interpelé. Ancien directeur d’école devenu DDEN, je n’ai jamais considéré que le Conseil d’école était un organe de « gestion ».

Pour le besoin de la démonstration, le rapport d’activité se prend les pieds dans le tapis. En conclusion il est indiqué « Pour remplir pleinement son rôle au sein du Conseil d’école, le DDEN doit tisser des liens hors réunion avec les trois composantes de cette instance : usagers, personnels et administration ».

Tout d’abord c’est méconnaître la réalité des Conseils d’école. Il n’y a pas « trois composantes ». Les représentants des parents d’élèves et ne sont pas des « usagers »… qui sont les élèves ! Il n’y a pas « l’administration ». En sont membres les représentants de la commune (Maire et conseil municipal), l’IEN peut y participer, mais n’en est pas membre, et le directeur, qui préside le Conseil, ne fait pas partie de « l’administration ».

Et surtout, le Conseil d’école ne « gère » pas, ce n’est pas son rôle.

Alors pourquoi écrire « Les DDEN souhaitent que cette instance soit conforme à la gestion d’un service public » ou encore « Le Conseil d’école est une instance destinée à mettre en œuvre la nécessaire gestion tripartite du système éducatif pour en assurer un fonctionnement démocratique » ?

Le document du congrès nous apprend d’ailleurs que la Fédération nationale des DDEN a projeté avec l’Association des Maires de France la « mise en place d’un groupe de travail national pour envisager des propositions d’évolution du Conseil d’école et des instances de gestion de l’école avec toutes ses composantes. »

Dans le même numéro du « Délégué », il est fait état d’une table ronde sur l’école en milieu rural. Le Président de la Fédération nationale y est cité : « les évolutions démographiques impactent cette ambition d’installer une école par commune. Il faut comme l’indiquait un intervenant, ce matin, revendiquer ‘une école pour ma commune’. On ne peut plus effectivement, revendiquer une école pour chaque commune, mais une école publique laïque pour ma commune, afin que chacune et chacun puisse y accéder. »

Derrière ces mots n’y a-t-il pas, purement et simplement, le blanc-seing donné au ministère dans la mise en place des ESPF, « Établissements Publics d’enseignement des Savoirs Fondamentaux », gigantesques regroupements de dizaines d’écoles avec les collèges avec pour but affiché de « mutualiser »… c’est-à-dire supprimer des écoles et qui a provoqué le rejet de la quasi-totalité des représentants des enseignants ?

Le rapport d’activité demande que les DDEN soit associés à la mise en place de « l’école de la confiance » avec une place spécifique dans les ESPF : « Dans ce projet ‘Ecole de la confiance’ nous proposons un amendement (…) pour que la loi intègre la présence des DDEN dans le cadre de toutes les structures administratives qui géreront la scolarité obligatoire. »

Cette évolution de la position de la Fédération nationale des DDEN est inquiétante : gestion, ne plus revendiquer une école par commune, place dans les structures administratives… n’est-ce pas transformer le DDEN en « collaborateur » des autorités et anéantir ainsi son indépendance ? Ce n’est pas ce que veulent les DDEN.

René Maurice