Le fait que les DDEN, qui se définissent comme amis de l’Ecole
publique et défenseurs de la laïcité, même si nous sommes une
organisation « semi-officielle » (puisque c’est la
DASEN qui nous nomme), n’oblige en rien la direction nationale à
prendre fait et cause pour la politique du gouvernement. Les
déclarations, les actes et les plans de celui-ci ne sont ni ceux
d’un gouvernement laïque, ni favorable à l’enseignement public.
Pour ne prendre que des exemples récents, je citerais : la
position favorable à la loi Peillon portant sur les rythmes
scolaires ou le positionnement favorable à la « réserve
citoyenne » ou au « parcours citoyen« . La
loi Peillon a été combattue par une grande majorité d’enseignants
et par bon nombre d’élus. Quant à la « réserve
citoyenne« , malgré les appels répétés de la part du
gouvernement et de ses ministres, on peut parler d’un échec
cuisant. Pour ma part, je m’en réjouis. Les enseignants, malgré
la confusion délibérément orchestrée par le gouvernement et par
d’autres dont ce n’est pas la fonction, ont rapidement perçu la
nature de cette « nouveauté« . Il en va de même du
« parcours citoyen« .
Nous ne pouvons que constater et déplorer que la direction de la
Fédération se subordonne au gouvernement. Les DDEN ne peuvent pas
être les supplétifs du gouvernement, partisans de ses actes
politiques, et aider à mettre en pratique ses contre-réformes qui,
et c’est un mot faible, n’ont rien de favorable à l’Ecole
publique laïque.
Unité pour la défense de la loi de
1905
Ne touchez pas à la loi de Séparation !
Tout le monde connaît maintenant, depuis l’intervention
d’Emmanuel Macron devant les évêques aux Bernardins et les
révélations parues dans la presse et jamais démenties, les
intentions du gouvernement. Sous divers prétextes, notamment les
contrôles des financements de l’étranger pour l’Islam, Macron
s’attaque au fondement même de la loi de 1905. Même s’il
prétend ne pas toucher aux articles I et II de la loi, son but reste
la modification ou la suppression des deux tiers des articles. Ce
n’est pas une modification à la marge, c’est vider la loi de
tout son contenu. Reconnaître les cultes, c’est l’inverse de la
Séparation, c’est le concordat généralisé. Définir des
critères de reconnaissance par l’Etat, c’est ouvrir la voie à
une religion officielle ou d’Etat. L’Etat labellisant les cultes
acceptables et les autres, ce n’est pas son rôle. Tout le monde
comprend que la moindre brèche ou modification de la loi de 1905, le
financement des cultes, auraient des conséquences dans tous les
domaines, en particulier pour l’Ecole publique laïque et pour
toutes les institutions comme la Ligue de l’Enseignement, la
Fédération des Œuvres Laïques, comme pour la Fédération
Nationale des DDEN elle-même.
Une question se pose : pourquoi
chercher à diviser le camp des laïques au lieu de
rassembler ?
Pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre, une
campagne a été menée par plusieurs associations sur un mot d’ordre
unificateur : Ne touchez pas à la loi de 1905 !
Les 8 et 9 décembre, ce sont environ 100 rassemblements qui ont eu
lieu devant les préfectures, souvent à l’appel de plusieurs
associations. Tout en gardant sa liberté, chacun pouvait s’y
associer. Comme ce fut le cas pour l’Appel des Laïques
signé par l’écrasante majorité des associations laïques… sauf
le CNAL et les DDEN.
Que constatons-nous ? Un autre appel a été initié avec 113
« personnalités » (dont, pour certaines, l’action
pour la défense de la laïcité n’est pas toujours très
probante). Pourquoi cette initiative ? Pourquoi se distinguer en
divisant ? Alors que tout le monde peut se rejoindre sur le mot
d’ordre « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! »
pour faire reculer Macron. Ou alors, il faut expliquer que
finalement, ce n’est pas si grave et que quelques toilettages
seraient acceptables ? La direction des DDEN doit œuvrer à
l’unité, pas à l’inverse !
Paul Feldmann
* Dans certains départements, les UDDEN ont pris publiquement
position et ont participé aux rassemblements et aux délégations
avec la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l’Homme, la Ligue de
l’Enseignement et les syndicats Force Ouvrière et CGT. Nous
portons à votre connaissance l’une de ces déclarations :
« La Libre Pensée (…) avait invité tous les défenseurs de
la laïcité à manifester devant la préfecture (…) le 8/12/18
pour défendre la loi du 9 décembre 1905, dite loi de séparation
des Eglises et de l’Etat. Les diverses déclarations du chef de
l’Etat, et les rumeurs de « toilettage » de cette même loi
inquiètent au plus haut point tous les partisans de la laïcité et
toutes les organisations qui se réclament du même principe.
L’UDDEN (…) était donc présente dans cette manifestation
aux côtés de la Libre Pensée et du syndicat F.O. Lors des
différentes prises de parole, la ferme volonté de s’opposer
vigoureusement à toute tentative de modification de la loi de 1905 a
été clairement exprimée. Une délégation composée de 4 personnes
a été reçue par le chef de cabinet de la Préfète le 12/12/18.
Souhaitons que nous soyons entendus et restons sur nos gardes. »