Editorial : « Il n’y a pas de chemin, Le chemin se fait en marchant » (Antonio Machado)

Ce numéro 11 du Délégué laïque est principalement consacré à la question de la volonté de la direction de la Fédération nationale des DDEN de changer profondément la lettre et l’esprit des Statuts nationaux.

Il s’agit d‘un véritable bouleversement dans le fonctionnement collectif et démocratique de la Fédération nationale, ce qui fut longtemps sa « marque de fabrique », qui la rendait si chère à tous ses membres.

On pourrait en rire, mais c’est trop grave et triste. C’est le triomphe de UBU-Khaldi-Roi qui veut tout le pouvoir entre ses mains. Mais pourquoi faire ? L’avenir répondra à cette question, même si des éléments de réponses sont déjà apparus. Il n’est pas rien que la FNDDEN soit maintenant totalement isolée de tous ses partenaires d’antan qui faisait qu’elle rayonnait de son aura morale dans le combat fidèle au Serment de Vincennes pour l’abrogation de la loi Debré.

Ce ne sont pas les tristes palinodies d’un pseudo « collectif national laïque » qui peuvent faire illusion à ceux qui savent de quoi il en retourne réellement. Hormis les Obédiences maçonniques, les « associations membres » ne représentent rien, même pas l’ombre d’elles-mêmes. Le « Roi Khaldi » est nu.

A ce propos, rappelons que la fonction principale de la Franc-Maçonnerie est de rassembler ce qui est épars, et non de contribuer à disperser ce qui est uni. Chacun devrait méditer cela.

Le « succès » annoncé d’Eddy Khaldi va se faire sur un champ de ruines. Que restera-t-il de la Fédération nationale après cette tentative totalitaire de concentrer tous les pouvoirs dans les mains d’un seul ? Outre que cela rappelle fâcheusement les mœurs et les manières de la Ve République (on a connu mieux en matière de démocratie), cela va se terminer en déroute et en naufrage.

On a vu récemment un Jupiter se transformer en Neptune, avec le Radeau de la Méduse en prime.

Nous invitons tous les DDEN à lire attentivement l’analyse que nous faisons de la proposition de modifications des statuts nationaux. La Lumière nait toujours de l’Etude.

Nous publions aussi des analyses sur la « réforme de l’Inspection générale » de l’Éducation nationale et sur la loi Rilhac. Il est des curieux silences qui expliquent bien des choses. Une chasse aux sorcières n’est jamais faite pour rien. Elle est toujours le complément totalitaire d’un projet politique réactionnaire.

Nous publions une correspondance reçue sur notre site web. Elle est éclairante à plus d’un titre. D’abord rappelons qu’il y a une grande différence entre être DDEN dans une délégation départementale où la personne est assimilée de fait à une mission de fonctionnaire bénévole en rapport avec l’administration et être adhérent d’une association Loi de 1901 qui s’appelle une « Union départementale de DDEN ».

Il n’y a aucune obligation pour un DDEN désigné par l’administration d’être adhérent à une association Loi de 1901. On sait que beaucoup (et de plus en plus) de DDEN n’adhèrent pas aux Union départementales, surtout quand elles sont elles-mêmes sous la coupe d’Eddy Khaldi (FNDDEN).

Prenons un exemple concret : on peut être instituteur public sans être membre d’un syndicat enseignant. La démission du syndicat n’entraine nullement la perte de son poste de fonctionnaire. Il n’y a que dans les pays totalitaires et corporatiste que de telles choses peuvent exister.

Il est hautement problématique pour ne pas dire scandaleux et honteux que l’Inspection académique de Vierzon ait cru devoir apporter son concours zélé à l’épuration dans la FNDDEN. Cela est totalement illégal. Que chacun réfléchisse bien : la normalisation en Tchécoslovaquie était contre le Printemps de Prague. On sait comment tout cela s’est terminé. Un vent de révolte s’élève chez les DDEN et si l’administration prête la main à la répression, elle sera emportée avec les totalitaires aux petits pieds.

Les délégations départementales et les Unions départementales sont deux choses totalement distinctes. Et si dans le passé, fort heureusement, les choses allaient de paires, aujourd’hui du fait des menées de la FNDDEN et de son Président, les choses se différencient grandement. D’ores et déjà dans quelques départements, il y au moins deux unions départementales de DDEN différentes du fait des menées sournoises d’Eddy Khaldi.

La voie de la Résistance et de la défense de l’École publique laïque devra nécessairement se faire en dehors désormais de la FNDDEN si le projet totalitaire de modifications des statuts aboutit à l’objectif désigné par Eddy Khaldi. Que chacun, là aussi, y réfléchisse ; il en dépend de l’avenir de tous et de chacun.

Pour terminer et être très clair : nous sommes pour le maintien de l’unité dans les Unions départementales, à l’unique condition qu’elles soient réellement indépendantes, et pas sous la coupe réglée et pesante de la direction totalitaire de la FNDDEN.

Il faut que les Unions départementales se mobilisent activement pour empêcher ce coup de force qui remet en cause profondément leurs prérogatives.

Faute de quoi, l’inévitable se produira, car la nature a toujours horreur du vide.

Avec Emmanuel Kant, nous disons : « Fais ce que dois et advienne que pourra ».

Paul Feldmann

Changer les statuts de la Fédération des DDEN, pourquoi faire ?

La Direction de la Fédération des DDEN et son Président se sont engagés dans une réforme des statuts qui sera soumise au prochain congrès national. Un projet circule qui pose bien des questions et suscite bien des discussions.

Le « Délégué laïque » publie dans ce numéro des contributions aux débats devant le tournant historique que représenteraient ces nouveaux statuts : la souveraineté des Unions Départementales des DDEN devrait laisser la place à une domination sans partage d’un appareil national se dotant d’un monarque écrasant leur liberté d’expression et d’actions.

« Un coup d’État permanent » ? La qualification est forte, mais non exagérée quand on lit les propositions du projet qui ressemble étrangement au régime autoritaire et antidémocratique de la 5ème République bonapartiste.

Réfléchissons ensemble par un libre débat nécessaire

Les fonctions et missions des DDEN, dans les domaines étendus de leurs compétences et mandats de signalements aux autorités concernées, sont définies dans les articles du Code de l’Éducation. Elles s’exercent au plus près du terrain, c’est à dire au sein des Écoles publiques et en direction des autorités départementales de l’Éducation Nationale et municipales pour que soient garanties de bonnes conditions de la vie scolaire.

Mais les normes qui régissent les conditions de la vie scolaire sont définies nationalement pour tous les établissements scolaires et non établissements par établissements !

L’annonce faite à grand bruit par le Président de la République de généraliser à tout le pays la situation des 50 écoles de Marseille présentées comme des « écoles laboratoires » de « l’école du futur » est de ce point de vue très inquiétante.

Cette « territorialisation de l’École » n’ouvre-t-elle pas la voie à toutes les aventures de dénationalisation, et à toutes les dénaturations de l’Enseignement public basé sur des programmes scolaires nationaux pouvant seuls garantir l’égalité des droits des élèves devant l’instruction publique ? Des « écoles autonomes », au contraire, ouvrent la voie au libre choix des parents de choisir l’école de leurs enfants. La carte scolaire volerait en éclat et les différenciations sociales s’approfondiraient dès l’enfance.

L’organisation en cours « d’évaluations des écoles » ne va-t-elle pas dans ce sens ? N’est-ce pas la voie d’une privatisation du service public, de la concurrence entre écoles publiques et son cortège d’inégalités ? Ne serait-ce pas le règne du n’importe quoi en fonction de critères locaux, budgétaires et/ou politiques étrangers aux besoins de l’École de la République ?

Dans une telle situation avec de tels enjeux, l’heure est à l’évidence au rassemblement de tous les DDEN avec les organisations du mouvement laïque qui seront toutes, très bientôt, au pied du mur.

Est-ce la voie empruntée par Eddy Khaldi depuis qu’il est Président ? C’est un fait, il a pris une voie exactement inverse en s’activant, avec son séparatiste « collectif national laïque », à tenter de briser le bloc laïque historique comprenant le CNAL, la Ligue de l’Enseignement, la FCPE, la Libre Pensée, les syndicats, la Ligue des Droits de l’Homme

Si cela parvient à isoler la Fédération des DDEN, la plupart des Unions Départementales hésitent ou refusent de s’engager dans cette voie sectaire qui ne peut profiter qu’aux partisans du démantèlement de l’Éducation Nationale mise sur le même plan que les écoles privées, confessionnelles et autres, qui ne sont pas des écoles de la République.

La « chasse aux sorcières » a donc été ouverte  par la Direction Fédérale et son Président

Elle a commencé avec l’exclusion de la Fédération de l’Union des Bouches-du-Rhône et ses 26 Présidents de circonscriptions. Elle se poursuit par la suspension, en vue de l’exclusion, de l’Union du Maine-et-Loire parce que l’Assemblée générale a accueilli à l’unanimité 2 DDEN, dont Khaldi ne voulait pas. Il serait à la Libre Pensée ce qui est sans doute un crime dans le Département phare de l’école catholique.

Mais, pour normaliser toute la Fédération et toutes ses Unions Départementales, le Président et son équipe ont besoin de changer les statuts pour le permettre. Il propose un projet de nouveaux statuts absolument terrifiants par les mesures totalitaires qu’il contient.

Les DDEN sont au plus près de la situation réelle des écoles publiques dans leur département. Eux et eux seuls dans leur Union sont à même de décider quoi faire et comment le faire à partir des situations réelles. C’est la base de la souveraineté des Unions départementales, dont la caporalisation signerait un véritable arrêt de morts.

Les nouveaux statuts que la Direction fédérale et son Président veulent imposer ne peuvent que détruire la souveraineté des Unions Départementales au profit d’un management présidentiel et dictatorial.

Ils sont une honte pour les laïques de notre pays pour qui la démocratie n’est pas une verrue sur la figure qu’il faudrait éradiquer, mais la sève qui nourrit les Unions Départementales des DDEN pour défendre notre École de la République et la laïcité des institutions.

Michel Bureau

Réforme des Statuts de la Fédération nationale : Une réforme autoritaire pour un Président dictatorial

Une réforme des Statuts est rarement anodine dans une association qui connait des tensions internes importantes. Il convient donc de lire attentivement les propositions et d’y décerner les intentions réelles, souvent cachées.

A la lecture, il est évident que cette réforme vise à donner un pouvoir démesuré au Président de la FNDDEN.

● Au mépris du principe d’égalité entre les membres d’une association et de ses instances, il aurait une voix prépondérante à chaque fois qu’il y aurait un partage des suffrages exprimés pour une décision (Articles 6 et 8). Mais au Bureau Fédéral, c’est encore pire : Le Bureau Fédéral, qui est composé comme il est indiqué à l’article 5.2, se réunit aussi souvent qu’il le juge nécessaire et au moins six fois par an. Il est rappelé que la voix du Président est dans tous les cas prépondérante. En cas de vote à bulletin secret, ni les abstentions, bulletins blancs ne sont comptabilisés. Pourtant la revendication de la reconnaissance des bulletins est une revendication démocratique.

● Il n’ordonnance plus les dépenses, il décide des dépenses (Article 10). C’est la règle fondamentale des dépenses publiques qui est ainsi bafouée.

● Il invite (et non plus le Conseil fédéral) qui il veut aux réunions (Article 6), il impose le secret des délibérations et des décisions comme il veut, selon son bon vouloir (Article 7), il peut appeler les agents rétribués avec voix consultatives au Congrès national et au Conseil fédéral. Ce n’est plus la prérogative du Conseil Fédéral ou du Bureau (Article 7).

● La modification des Statuts ne peut être proposée (en dehors du Conseil fédéral) que par la moitié des Unions départementales, contre 1/10e) auparavant (Article 16). En clair, ce chiffre ne pourra jamais être atteint dans la pratique et cela dessaisit la suma potesta* de tout pouvoir. Ce sont les principes de la Ve République qui font désormais force de loi, y compris dans la numérotation des articles (L’article 16 de la Constitution de la Ve République donne les pleins pouvoirs au Président de la République).

● Il est interdit que les Unions départementales puissent se concerter ou communiquer entre elles  pour agir en commun si elles veulent exprimer un point de vue (Article 3).

● Là où l’on atteint le summum de la caricature antidémocratique est dans la composition de la commission des conflits, dont on dit sur les parvis, qu’elle serait constituée d’un tiers de représentants des Unions départementales, d’un tiers désigné par le Conseil fédéral, d’un tiers de membres d’honneur tous dévoués au Président sans doute. En cas de conflit, le Conseil fédéral serait juge (il rend la Justice) et partie (c’est lui qui prend les décisions contestées).

● En cas de radiation, les nouveaux statuts interdisent aux « accusés » (condamnés…) de s’expliquer devant le congrès ce qui est pourtant prévus dans les statuts actuels : « Appel pourra être interjeté devant le plus prochain congrès national de la décision de radiation selon les modalités prévues par le règlement intérieur » (article 4). Les contestations ne pourraient se faire que devant le Conseil fédéral… façonné par le Président.

● Dans le même état d’esprit c’est le Conseil fédéral (c’est-à-dire l’instance où le Président a toujours une voix prépondérante dans les décisions), qui arrête (donc décide) la liste des candidatures, alors que dans toute association démocratique, il ne fait qu’enregistrer les candidatures qui devraient être libres et conformes aux dispositions statutaires et réglementaires. C’est dans le seul cas où les dispositions de présentation ne seraient pas respectées qu’une candidature ne pourrait pas être retenue. Là, c’est le Conseil fédéral qui va décider de la liste de ses opposants qu’il accepte.

Décidément, avec cette réforme des Statuts, le Président gouverne, rend la Justice et élit les représentants du peuple. Le moins que l’on puisse dire est que la Séparation des Pouvoirs est inconnue de cette Réforme ! Elle la viole par tous les bouts.

On peut résumer cette tentative de réforme des statuts par la formule bien connue dans les casernes militaires : C’est « silence dans les rangs, je ne veux voir qu’une tête ! »

Qui pourrait accepter un tel déni de démocratie dans la FNDDEN ?

Andrés Gesog

* Summa potestas est une expression latine signifiant « somme ou totalité du pouvoir ». Il se réfère à l’autorité finale du pouvoir au gouvernement, comme le pouvoir du souverain et non plus celle du peuple « souverain légitime et total »

Contribution à la discussion pour l’abrogation de la loi Rilhac

Lors du conseil d’administration du 18 mai le Président de l’Union des DDEN de Paris, a annoncé qu’il démissionnait en expliquant qu’il ne pouvait plus supporter ni la pression ni les menaces exercées par Khaldi et a invité un DDEN du 18ème arrondissement, à se présenter au poste de Président.
Au cours de ce même CA, a été voté à l’unanimité moins une abstention, une motion demandant l’abrogation de la loi Rilhac, ci-dessous.

Contribution à la discussion pour l’abrogation de la loi Rilhac

La loi Rilhac adoptée à l’Assemblée nationale le 13 décembre 2021, sera promulguée prochainement, avec un travail à venir sur les textes d’application.

Cette loi, intégrée au code de l’Education, crée «la fonction de directrice ou de directeur d’école ». Par décret seront précisées la composition et les attributions du conseil d’école (Article L411-1).

Elle instaure pour les directrices et les directeurs « une délégation de compétences de l’autorité académique » et leur attribue « une autorité fonctionnelle ».

Dans quel contexte cette loi trouve-t-elle sa place ?

Le gouvernement envisage de faire disparaitre le corps des inspecteurs généraux et de créer un corps unique d’IEN et d’IPR1. En fusionnant les deux inspections, le ministère envisagerait de faire disparaitre les IEN et de confier aux directeurs d’école, sous une forme ou sous une autre, les pouvoirs hiérarchiques des IEN. L’ensemble des missions de chaque directeur sera acté à la suite d’un « dialogue avec l’inspection académique » (cf. article L411-2).

La loi modifie de fond en comble les prérogatives du Conseil d’école

Jusqu’alors celui-ci composé des représentants de parents, des enseignants, d’un élu représentant la mairie, d’un DDEN est présidé par la directrice ou le directeur. Le conseil d’école a un rôle consultatif, il donne un avis et n’a pas de pouvoir de décisions. Seul les textes NATIONAUX donne le cadre de l’École publique.

Avec la loi Rilhac, le conseil d’école a des pouvoirs décisionnaires et impose aux directeurs « d’entériner les décisions qui y sont prises et de les mettre en œuvre ». (cf. Article L411-1). Jusqu’où pourraient aller les décisions prises par le Conseil d’école ? La loi ne le précise pas ; le ministre de l’Éducation nationale aura ainsi les mains libres pour rédiger les décrets d’application.

C’est le début de la mise en place d’écoles autonomes dirigées par le Conseil d’école. C’est soumettre l’école aux pressions locales.

C’est tout le contraire de l’école de la République, la même pour tous !

L’expérimentation mise en place, début septembre par le chef de l’Etat à Marseille, donne un éclairage crû sur la loi Rilhac. « Dans 50 écoles, laboratoires, la liberté du choix des enseignants par le directeur qui recrute ses enseignants à l’image de l’école privée. Les projets d’apprentissages, les rythmes scolaires, les récréations, la durée des cours, les façons d’enseigner » sont à définir avec les élus et les associations. »

Ainsi avec la loi Rilhac se profile le démantèlement de l’école publique.

C’est la remise en cause de l’indépendance pédagogique et professionnelle des enseignants dont le directeur lui-même. Indépendance préservant la neutralité de l’école laïque, protégeant les enfants de quelque influence que ce soit. C’est la remise en cause du combat fondateur, plus que centenaire, des DDEN.

1 Les inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques régionaux (IA-IPR) sont en France des cadres supérieurs de l’Éducation nationale qui contribuent au pilotage du système éducatif dans les académies.

L’inspection générale de l’Education est concernée par la suppression des grands corps voulue par Emmanuel Macron !

Depuis longtemps un processus de désengagement de l’Etat est en cours. Processus se caractérisant-entre autres par la disparition de normes nationales et d’organismes de contrôle. Dans le cadre de la réforme de l’Etat porté par Emmanuel Macron, il est annoncé la suppression en 2023 de l’Inspection Générale.

Qu’est-ce que l’Inspection générale?

Le corps des Inspections Générales remonte aux pères de la République qui ont fondé une démocratie reposant sur la multiplication des contre-pouvoirs par des corps intermédiaires.

C’est un corps d’experts capable de signaler les erreurs et les dysfonctionnements et de conseiller les ministres.

Supprimer ce corps d’experts, c’est s’engager dans une nouvelle conception de l’Etat dans laquelle l’autorité du pouvoir exécutif devra s’exercer sans contrôle.

Cela concerne l’ensemble des Inspections Générales de tous les ministères et pas seulement celui de l’Education Nationale.

A quoi sert l’Inspection Générale?

Dans l’Education Nationale, c’est un organe de contrôle et de conseils, il produit des rapports. En 2019,seulement 8% des rapports ont été rendus publiques…

Aujourd’hui, Inamovible, le corps des Inspecteurs Généraux est indépendant. Aujourd’hui, ces derniers sont inamovibles, ils peuvent rester à leur poste autant de temps qu’ils le souhaitent, jusqu’à la retraite. Le mode d’affectation va changer

Selon Caroline Pascal, la cheffe de l’IGESR, « Au 1er janvier 2023 maximum, il n’y aura plus de corps de l’Inspection générale de l’Education, des Sports et de la Recherche (IGESR).  L’Inspection générale de l’Education nationale, qui regroupe depuis le mois de mars 2021 les inspecteurs généraux de l’Education, de la Jeunesse, du Sport et des Bibliothèques, a notamment un rôle d’appui, de conseil et d’évaluation des politiques publiques.

Les 300 inspecteurs généraux sont des inspecteurs territoriaux, des enseignants-chercheurs, des maîtres de conférences ou encore des conservateurs. Ces derniers contrôlent et réalisent des rapports sur des sujets déterminés à l’avance par le ministre de l’Education, comme sur le dédoublement des classes REP de CP et CE1 par exemple.  L’inspection générale existera toujours, ses missions ne sont pas remises en cause, assure Caroline Pascal à Libération.

C’est le statut de corps des inspecteurs qui va être revisité pour devenir un service composé d’emplois fonctionnels à durée déterminée». En clair, le mode d’affectation des inspecteurs généraux va changer. Aujourd’hui, ces derniers sont inamovibles, ils peuvent rester à leur poste autant de temps qu’ils le souhaitent, jusqu’à la retraite. En 2023, ils seront détachés sur des emplois fonctionnels, ce qui veut dire que, au bout d’un certain temps, ils seront reconduits ou l’administration leur demandera d’aller voir ailleurs. »

Forcément, cela pose des questions d’indépendance

Le statut du corps des Inspecteurs va devenir un service composé d’emplois fonctionnels à durée déterminée. Ils dépendront alors du ministre qui les aura nommé et donc ils ne seront plus indépendant ni pour conseiller, ni pour évaluer les politiques ministérielles. A chaque alternance politique le haut personnel administratif sera totalement renouvelé à l’image de ce qui se pratique aux USA.

C’est une conception autoritaire de l’Etat, sans limite autre que la durée du gouvernement et que tout organe un tant soit peu indépendant capable de l’entraver doit être supprimé.

La suppression des corps intermédiaires se traduit dans l’Education Nationale par la suppression du paritarisme et des organes de contrôle comme le CHSCT, l’observatoire de la sécurité des établissements.

L’autorité de l’Exécutif ne doit connaître aucune limite. La réforme de la Haute Fonction Publique d’Etat est voulue par le Président Macron.Ce qui a provoqué de vives réactions de la part du personnel du Quai d’Orsay pour la première fois en grève tout comme les élèves de l’ENA protestant contre le démantèlement de leur école.

Cette réforme c’est pour obtenir plus de mobilité, plus de docilité. Voici ce que déclare B.Toulemonde Inspecteur Général honoraire: « C’est une forte emprise du pouvoir central sur les corps d’inspection« . Et P. Devin SNPI-FSU (syndicat national des personnels d’inspection): « Derrière la volonté de diversification du recrutement qui n’ont pas l’expérience de la fonction publique, ils vont contribuer à développer les conceptions managériales de l’entreprise privée ».

Le mot est lâché l’entreprise privée. C’est exactement le fond de l’expérience de Marseille lancée par Emmanuel Macron et qui donne un éclairage crû de la loi Rilhac : « Dans 50 écoles laboratoires, la liberté de choix des enseignants par le directeur qui les recrute à l’image du privé. Les projets d’apprentissage, les rythmes scolaires, les récréations, la durée des cours, les façons d’enseigner sont à définir avec les élus et les associations »

Et c’est pour cela que la loi Rilhac modifie les attributs de conseil d’école qui décidera dans tous ces domaines et les directrices et directeurs seront chargés d’appliquer les décisions prises par le conseil d’école.

Mais il y a les relations syndicales

« L’Education Nationale n’est pas une somme de start-ups » (SE-UNSA). « Remise en cause du caractère national de l’Ecole Publique, le statut de fonctionnaire d’Etat des enseignants, l’égalité de traitement des personnels dans leur demande de mutation. » (FNEC-FP-FO). « Cette expérimentation est une vitrine alors qu’il y a les sujets brûlants que sont les salaires, le dégel du point d’indice ou encore la feuille de route du nouveau ministre qui ne s’est toujours pas exprimé. » (SNUIpp).

La place des DDEN est celle de la défense de l’Ecole laïque avec des programmes nationaux, des horaires nationaux, le respect du statut des enseignants qui garantit leur indépendance vis à vis de toute ingérence d’où qu’elle vienne. En ce sens commençons par demander l’abrogation de la loi Rilhac.

Henri Rivière

Reçu sur le site du Délégué laïque

Lettre de démission

Monsieur le directeur des services départementaux de l’Éducation nationale du Cher

Suite à un désaccord sur le mode de gouvernance de la Fédération des Délégués départementaux de Éducation nationale, j’ai donné ma démission à l’Union départementale du Cher délégation de Vierzon.

L’article D241-28 du code de l’éducation indiquant que
« Les délégués de chaque circonscription forment une délégation», je souhaiterais savoir plus précisément si cette décision entraîne ipso facto ma radiation des DDEN que vous avez nommés en début d’année scolaire.

Je vous prie, Monsieur le Directeur, d’être assuré de mon meilleur concours au service des élèves des écoles m’ayant été confiées (Massay, rpi Lazenay-Chery-Cerbois)


Monsieur S.,
– ancien directeur à Paris (21 ans),
– ancien chargé de mission auprès de l’IA Paris (1997)
– ancien membre du Conseil d’administration de l’ex-CRDP Paris.

  ►▼▲◄

Réponse de l’Inspection académique

Monsieur S….,

 Vous m’avez interpelé le 16 avril dernier quant à l’existence d’un différend qui vous a conduit à rompre avec la Fédération qui anime le réseau de délégués départementaux de l’Éducation nationale, plus précisément avec l’Union départementale sur le bassin de Vierzon.

 Dans la mesure où je tiens à ce que les délégués départementaux puissent adopter une ligne de conduite cohérente, sur le fondement des articles D241-27 et 241-28 du Code de l’éducation, je vous informe que j’envisage de mettre un terme à votre mandat le 31 août 2022. Sans grief à votre encontre, ma décision est motivée par l’intérêt du service.

Comme vous le soulignez d’ailleurs dans votre courriel, les DDEN forment des délégations que je souhaite unies. Leur rôle d’observateur et d’intercesseur requiert une très grande neutralité ; je ne voudrais pas que les usagers ou les collectivités territoriales puissent être amenées à privilégier le dialogue avec un DDEN plutôt qu’un autre, selon les positions personnelles qu’il aurait pu adopter.

Je vous invite par retour de mail à formuler vos éventuelles observations.  La décision administrative vous sera notifiée à l’issue du prochain conseil départemental de l’Éducation nationale.

Je vous prie de croire, Monsieur Salmon, à l’expression de ma considération distinguée,

Le directeur académique,
Pierre-Alain Chiffre

MARIE B…
Cheffe de Cabinet
Direction des services départementaux de l’éducation nationale du cher

Rue du 95ème de Ligne Cité Condé Bat F, BP 608 18016 Bourges Cedex
T 02 36 08 20 77
www.ac-orleans-tours.fr/dsden18

 

►▼▲◄

Monsieur le directeur académique,

Je vous remercie pour votre réponse et comprend très bien votre préoccupation d’unifier l’intervention des DDEN dans les écoles de votre académie.

J’accepte donc sans aucune difficulté votre décision… tout en  me demandant  si  cette exigence ne dépossède pas le DDEN de sa neutralité…

Il me semble intéressant de vous présenter les raisons de ma décision.

Je considère en effet que, pour que son rôle soit clairement reconnu dans la communauté scolaire, le DDEN doit agir au plus près des écoles, en particulier sur la base des comptes rendu des conseils d’école qui rassemblent les débats et les décisions qui rythment la vie scolaire. Les enquêtes nationales (parisiennes) ne vont pas dans ce sens.

Ainsi, la FNDDEN a récemment transmis aux UDDEN une enquête nationale relative aux sanitaires dans les écoles… Comme vous le savez, c’est un point récurrent des conseils d’école, puisque cette délicate question concerne évidemment le bien-être des enfants dans les établissements.

Au plan local, pour l’avoir à plusieurs reprises observé dans mes fonctions de directeur, ce sujet peut devenir très polémique et mettre en difficulté les différents acteurs de l’école :

  • Les enseignants qui ne surveilleraient pas suffisamment les sanitaires (lieux accidentogènes , propices aux agressions de toutes sortes), qui ne laisseraient pas les élèves sortir durant la classe (sécurité) voire qui n’enseigneraient rien du point de vue de l’hygiène intime.
  • La municipalité qui ne mettrait pas complètement en conformité les WC avec les préconisations (intimité des élèves, le papier WC, accès handicapé), les animateurs des activités périscolaires…
  • Les parents qui n’accepteraient pas toujours les contraintes de la vie en collectivité.
  • Certains enfants psychologiquement fragiles qui se « retiennent » à l’école par peur des autres, rendant ainsi possible certaines pathologies.
  • Cette problématique -valable également dans le monde de l’entreprise- a par ailleurs fait l’objet d’un protocole proposé par la FCPE au plan national.

 

J’aurais préféré aider à rechercher des solutions concrètes pour répondre à certaines difficultés rencontrées par les écoles auprès desquelles j’ai eu plaisir d’intervenir : accueil des élèves porteurs d’handicap, conditions d’enseignement de la piscine (infrastructures et transport), financement des classes de découverte, l’aide aux devoirs après la classe etc…

Je vous prie, Monsieur le directeur académique, d’agréer l’expression de ma très haute considération.

Didier S…