La Direction de la Fédération des DDEN et son Président se sont engagés dans une réforme des statuts qui sera soumise au prochain congrès national. Un projet circule qui pose bien des questions et suscite bien des discussions.
Le « Délégué laïque » publie dans ce numéro des contributions aux débats devant le tournant historique que représenteraient ces nouveaux statuts : la souveraineté des Unions Départementales des DDEN devrait laisser la place à une domination sans partage d’un appareil national se dotant d’un monarque écrasant leur liberté d’expression et d’actions.
« Un coup d’État permanent » ? La qualification est forte, mais non exagérée quand on lit les propositions du projet qui ressemble étrangement au régime autoritaire et antidémocratique de la 5ème République bonapartiste.
Réfléchissons ensemble par un libre débat nécessaire
Les fonctions et missions des DDEN, dans les domaines étendus de leurs compétences et mandats de signalements aux autorités concernées, sont définies dans les articles du Code de l’Éducation. Elles s’exercent au plus près du terrain, c’est à dire au sein des Écoles publiques et en direction des autorités départementales de l’Éducation Nationale et municipales pour que soient garanties de bonnes conditions de la vie scolaire.
Mais les normes qui régissent les conditions de la vie scolaire sont définies nationalement pour tous les établissements scolaires et non établissements par établissements !
L’annonce faite à grand bruit par le Président de la République de généraliser à tout le pays la situation des 50 écoles de Marseille présentées comme des « écoles laboratoires » de « l’école du futur » est de ce point de vue très inquiétante.
Cette « territorialisation de l’École » n’ouvre-t-elle pas la voie à toutes les aventures de dénationalisation, et à toutes les dénaturations de l’Enseignement public basé sur des programmes scolaires nationaux pouvant seuls garantir l’égalité des droits des élèves devant l’instruction publique ? Des « écoles autonomes », au contraire, ouvrent la voie au libre choix des parents de choisir l’école de leurs enfants. La carte scolaire volerait en éclat et les différenciations sociales s’approfondiraient dès l’enfance.
L’organisation en cours « d’évaluations des écoles » ne va-t-elle pas dans ce sens ? N’est-ce pas la voie d’une privatisation du service public, de la concurrence entre écoles publiques et son cortège d’inégalités ? Ne serait-ce pas le règne du n’importe quoi en fonction de critères locaux, budgétaires et/ou politiques étrangers aux besoins de l’École de la République ?
Dans une telle situation avec de tels enjeux, l’heure est à l’évidence au rassemblement de tous les DDEN avec les organisations du mouvement laïque qui seront toutes, très bientôt, au pied du mur.
Est-ce la voie empruntée par Eddy Khaldi depuis qu’il est Président ? C’est un fait, il a pris une voie exactement inverse en s’activant, avec son séparatiste « collectif national laïque », à tenter de briser le bloc laïque historique comprenant le CNAL, la Ligue de l’Enseignement, la FCPE, la Libre Pensée, les syndicats, la Ligue des Droits de l’Homme…
Si cela parvient à isoler la Fédération des DDEN, la plupart des Unions Départementales hésitent ou refusent de s’engager dans cette voie sectaire qui ne peut profiter qu’aux partisans du démantèlement de l’Éducation Nationale mise sur le même plan que les écoles privées, confessionnelles et autres, qui ne sont pas des écoles de la République.
La « chasse aux sorcières » a donc été ouverte par la Direction Fédérale et son Président
Elle a commencé avec l’exclusion de la Fédération de l’Union des Bouches-du-Rhône et ses 26 Présidents de circonscriptions. Elle se poursuit par la suspension, en vue de l’exclusion, de l’Union du Maine-et-Loire parce que l’Assemblée générale a accueilli à l’unanimité 2 DDEN, dont Khaldi ne voulait pas. Il serait à la Libre Pensée ce qui est sans doute un crime dans le Département phare de l’école catholique.
Mais, pour normaliser toute la Fédération et toutes ses Unions Départementales, le Président et son équipe ont besoin de changer les statuts pour le permettre. Il propose un projet de nouveaux statuts absolument terrifiants par les mesures totalitaires qu’il contient.
Les DDEN sont au plus près de la situation réelle des écoles publiques dans leur département. Eux et eux seuls dans leur Union sont à même de décider quoi faire et comment le faire à partir des situations réelles. C’est la base de la souveraineté des Unions départementales, dont la caporalisation signerait un véritable arrêt de morts.
Les nouveaux statuts que la Direction fédérale et son Président veulent imposer ne peuvent que détruire la souveraineté des Unions Départementales au profit d’un management présidentiel et dictatorial.
Ils sont une honte pour les laïques de notre pays pour qui la démocratie n’est pas une verrue sur la figure qu’il faudrait éradiquer, mais la sève qui nourrit les Unions Départementales des DDEN pour défendre notre École de la République et la laïcité des institutions.
Michel Bureau