Le Président de l’Union Départementale des DDEN de Seine-Saint-Denis demande au DASEN la radiation de toute la délégation de Sevran des DDEN.
Mais quelle mouche vient donc de piquer le Président de l’Union Départementale des DDEN, Jean-Marc Minetto, pour proposer au DASEN la radiation collective des 7 DDEN de la délégation de Sevran ? Mais quel crime ont donc commis ces brebis qui seraient devenues galeuses au point de vouloir les éliminer ?
On a pris connaissance dans « le délégué laïque N° 1 » de l’affaire du Rhône, où un collègue est radié par le DASEN avec le soutien de la Direction Départementale de la Fédération et d’Eddy Khaldi, le Président National. Le collègue avait commis le crime abominable d’avoir signalé la présence permanente de gens d’Église dans la Mairie, où se trouve l’Ecole publique dont il est le DDEN !
On
a pris connaissance aussi des pressions exercées par le Président
Khaldi pour éliminer, à Paris, des collègues DDEN qui n’avaient
pas l’heur de lui plaire. Et maintenant, la Seine-Saint-Denis ?
Et après à qui le tour ?
Le
crime commis par les 7 DDEN de la délégation locale de Sevran
Mr
Minetto, Président et Mme Marie-Jo Aymard, ex Présidente, membre du
Secrétariat National de la Fédération, soutenus par 6 autres
membres du CA de l’Union Départementale (sur 18), dénoncent les
DDEN de Sevran qui auraient commis l’irréparable : ils ont
travaillé avec les parents élus dans les conseils d’école et
leurs associations, avec 26 Directeurs d’Ecole sur 27, avec les
enseignants et leurs syndicats, le SNUDI-FO et le Snuipp-FSU. Quelle
abomination !
Bien
pire encore : ils ont participé avec eux à la constitution, le
18 février 2018, d’un « Comité de Suivi des écoles
publiques de la Ville » regroupant près de 200 enseignants
et parents d’élèves volontaires pour collecter toutes les
demandes des écoles et les faire valoir ensemble auprès des
autorités municipales et académiques.
Suprême
hérésie : ils ont édité successivement 2 cahiers qui
ressemblent à des « cahiers de doléances » !
Ces cahiers (20 pages) répertorient minutieusement les demandes
figurant dans les comptes rendus écrits des Conseils d’Ecole,
rayent ce qui a été faits et ne rayent pas ce qui reste à faire.
C’est même devenu la référence des services publics de la Ville,
qui ne disposaient d’aucun plan de réhabilitation des écoles de
la Ville.
Les
DDEN de Sevran ont conquis un tel respect pour ce travail qu’ils
ont pu facilement veiller à ce que personne ne puisse le dénaturer
ou le récupérer à d’autres fins que la satisfaction des demandes
légitimes des écoles. En juin 2018, le Préfet et le DASEN
recevaient d’ailleurs la délégation de ce « Comité de
Suivi ». Le rapporteur était un DDEN.
Le Maire lui-même reconnaîtra que le travail du Comité de Suivi avec les DDEN avait permis d’obtenir des crédits alloués par l’État à la sécurisation des écoles. 4 groupes scolaires en ont déjà bénéficié.
Les DDEN n’ont jamais ignoré les difficultés budgétaires de la Ville de Sevran qui est leur commune depuis des décennies. Ils ont évidemment des appréciations politiques différentes sur bien des sujets. Mais tous sont unanimes : les écoles publiques n’ont pas à souffrir des restrictions budgétaires ordonnées par les diktats de la Cour des Comptes pour réduire les dépenses publiques !
Fallait-il donc se contenter de faire des signalements discrets quand ils s’avèrent inefficaces ? Fallait-il ne rien dire et ne rien faire quand des barbecues s’installent dans des écoles les weekend, des écoles sont grandes ouvertes en permanence faute de gardiens, et d’agents de service dans la journée, des intrusions fréquentes ayant permis des vols de clés de voitures dans les sacs d’enseignantes pendant la récréation avec vol d’une voiture dans le parking, une école sans eau chaude, des assiettes en plastique pendant des mois dans une autre, des bouts de verre dans un jardinet, des seringues dans une autre, des normes de sécurité non respectées, des fenêtres et des portes cassées ni réparées ni changées faute de personnels de la ville qui sous-traite de plus en plus à des sociétés privées utilisant des salariés sans qualification, etc…
Bref, fallait-il donc renoncer à notre mission qui est de défendre le droit des élèves et des personnels à des conditions correctes de la vie scolaire dans leurs écoles, alors que dans nos visites d’écoles et dans nos conseils d’école, nous prenons connaissance de situations inadmissibles dans l’École de la République ?
Fallait-il
ne rien dire et ne rien faire parce que l’IEN de la circonscription
apporte dans le journal municipal d’Avril 2019 son soutien public à
l’équipe municipale, dont la responsable à l’enseignement était
la candidate d’Emmanuel Macron aux dernières élections
législatives ?
Fallait-il dédouaner la responsabilité de l’Éducation Nationale sur les questions qui relèvent des responsabilités municipales au moment où la loi présentée par Mr Blanquer, rejetée par la quasi-totalité des partenaires de l’Education Nationale, se propose de la dénationaliser en transférant ses missions aux collectivités territoriales et leurs élus politiques ?
Fallait-il anticiper sur une réforme qui signifierait, entre autre, la disparition ou la redéfinition des missions des DDEN qui deviendraient « les collaborateurs » des élus politiques territoriaux au lieu d’être les « fonctionnaires bénévoles » chargés par l’Éducation Nationale de faire respecter partout, dans toutes les écoles du pays, des conditions correctes de la vie scolaire et le respect de la laïcité des institutions de la République ?
Les DDEN du Département avaient félicité les 7 DDEN de Sevran pour leur travail présenté à l’AG départementale des DDEN de Seine-Saint-Denis qui s’est tenue le 16 février. Pas un mot de reproche de la part des membres du CA. L’AG adoptera à l’unanimité une motion laïque présentée par la délégation de Sevran pour l’unité de toutes les associations et organisations laïques contre la révision de la loi de 1905 (cf. LE DELEGUE LAIQUE N°1) ainsi qu’une autre motion unanime de soutien à toutes les délégations qui travaillent pour que les normes imposables à toutes les écoles de la Nation soient respectées [voir ci-dessous].
Et
le 23 mars, au CA qui suit l’AG, le Président Jean-Marc Minetto
inscrit au dernier moment une demande au DASEN … de radier la
délégation de Sevran de la liste des DDEN du Département.
Vous trouverez ici (https://www.ledeleguelaique.fr/?p=170) la lettre envoyée par Mr Minetto (non adoptée par le CA !) formulant les motifs obscurs de cette radiation, qui n’a aucun fondement autre que la volonté d’un quarteron d’empêcher la délégation de Sevran d’accomplir ses missions de défense des écoles publiques de la Ville desquelles ils devraient donc être bannis… si le DASEN les suivait (1).
(https://www.ledeleguelaique.fr/?p=185) Vous trouverez aussi la lettre au DASEN des 7 DDEN de Sevran.
On
apprenait également ces jours derniers le départ précipité du
DASEN et du Préfet… Les parents d’une quinzaine d’écoles où
sévissent ces affreux DDEN, la totalité du « Comité de
Suivi » stupéfait ont déjà exprimé par écrit leur
solidarité avec leurs DDEN qu’ils veulent garder. Le Maire
lui-même, lors d’une audience du 11 avril avec les 7 DDEN tous
présents, a exprimé son étonnement qu’une telle demande puisse
être formulée.
L’affaire
est loin d’être close. Elle risque fort de devenir un scandale
national, si Eddy Khaldi, Président en exercice de la Fédération
Nationale, apportait son soutien à l’entreprise pilotée par
Marie-Jo Aymar (secrétaire nationale) et le Président encore en
exercice de la Fédération Départementale des DDEN.
A
suivre.
Michel
Bureau
(1)
Rappelons que l’on peut être DDEN nommé par le DASEN, après avis
de l’IEN et du CDEN, sans adhérer pour autant à l’Union
Départementale des DDEN (Association loi de 1901).
Motion
unanime de l’AG annuelle de la Fédération Départementale
de
Seine-Saint-Denis des DDEN du samedi 16 février 2019 à Villemomble
présentée par la délégation de Sevran
L’Assemblée
Générale annuelle des DDEN de Seine-Saint-Denis a constaté de
réelles difficultés pour des Municipalités d’assumer pleinement
leurs responsabilités dans les domaines de la Sécurité, l’hygiène,
l’entretien, l’équipement, la restauration, les réhabilitations
et constructions scolaires… Les insuffisances constatées
impactent les conditions de vie scolaire offerte aux élèves et aux
personnels dans l’Ecole de la République.
Elle rappelle que
si ces missions incombent aux municipalités, l’institution
scolaire est nationale et placée sous la responsabilité de l’Etat
(Préfets, DASEN, Recteurs).
Dans ces
conditions, l’AG des DDEN demande à la Préfecture d’entreprendre
un audit de l’état des écoles publiques de Seine-Saint-Denis sur
la base des normes imposables à toutes les écoles de la Nation.
Elle demande aux autorités de l’Etat d’apporter toutes les aides
nécessaires aux Municipalités pour accomplir leurs missions.
La Fédération
départementale des DDEN soutient et soutiendra toutes les
délégations qui travaillent dans ce sens, en toute indépendance,
sur la base des relevés des comptes rendus des conseils d’Ecole.