Objet : Re: Lettre ouverte au Président de la République par la Libre Pensée…à propos du projet de loi sur le « séparatisme »
Bonjour,
Excellente lettre et excellent travail.
En effet, nous ne laisserons pas ainsi diviser, fracturer la société française et plus particulièrement les classes populaires par une nouvelle campagne islamophobe de stigmatisation des populations musulmanes ou perçues comme telles qui sont systématiquement visées dans les propos des ministres et au plus haut sommet de l’État.
Personne n’est dupe : ce sont nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane qui sont visés par ce projet de loi. Les exemples donnés dans les médias se réfèrent systématiquement à l’Islam, aux musulmanes et aux musulmans.
Ce projet de loi vise à désigner un « ennemi intérieur ».
Si l’on en croit les propos du ministre de l’Intérieur il s’agit même de contrôler l’expression du dogme. Si des expressions religieuses contreviennent au droit, l’État dispose déjà du dispositif législatif pour agir mais il n’a pas à se mêler du dogme d’aucune religion.
Hérité du racisme colonial, ce projet est une nouvelle expression d’un débat public saturé de fantasmes xénophobes : l’usage du mot « ensauvagement » répété à l’envie par le ministre de l’intérieur, la monstrueuse mise en scène raciste de la députée Danièle Obono dans Valeurs actuelles, la « plaisanterie » de Sarkozy, ancien Président de la République, assimilant « singe » et personnes noires, les humiliations publiques répétées de femmes qui portent le foulard… tout cela n’est pas le domaine réservé de l’extrême-droite.
Récemment encore, des député·e·s ont exprimé, à l’égard de la Vice-Présidente de l’UNEF, des exigences qui outrepassaient les obligations légales et mettaient en cause des droits reconnus par le principe de liberté de conscience. Alors qu’elle s’exprimait au sujet des conditions étudiantes difficiles à cause de la crise sanitaire, certain·e·s ont préféré voir son voile avant ses valeurs et ont tenté de l’humilier.
Si l’État se doit d’être neutre et laïque, c’est justement pour permettre à la citoyenne ou au citoyen de pouvoir être libre d’exprimer ses idées à partir du moment où cette expression n’empiète pas sur la liberté d’autrui.
Cordialement,
Ahmed AIT EL MADANI, Directeur d’École dans la Seine-Saint-Denis