Éditorial du Délégué laïque n°6

Attaques contre la loi de 1905 : Les menaces se précisent, soyons prêts ! Tous ensembles pour défendre la laïcité !

Le lundi 24 février 2020, monsieur Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a invité des associations laïques place Beauvau pour une réunion.

Avec la même « surface » qu’une précédente réunion le 8 janvier 2019. Il s’agissait alors d’écouter l’annonce de la modification de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.

Devant le front du refus des associations laïques et même des religions, le gouvernement a semblé reculer sur son objectif de « réparer le lien entre l’Église et l’Etat » (Discours d’Emmanuel Macron au Collège des Bernardins). De temps à autres, une annonce médiatique pouvait signifier que le dossier n’était que différé.

Certains prompts à baisser la garde plus vite qu’ils ne la montaient, on alors déclamé : Victoire, la loi de 1905 ne sera pas touchée.

Force est de constater que le Président de la République n’a pas renoncé à dynamiter la loi de 1905 pour faciliter les financements des cultes et, se prenant pour Bonaparte, de constituer le culte musulman, comme l’Empereur le fit pour le culte israélite en prenant des mesures qui rentreront dans l’Histoire sous le nom des « décrets infâmes ».

A l’instar de l’ex-Maréchal Pétain, il n’entend pas toucher aux deux premiers articles de la loi de Séparation, mais veut accroître le financement des religions. La loi de 1905 interdisait tout financement direct et indirect des cultes, Philippe Pétain leur a permis en 1942 de redevenir une puissance financière, mobilière et immobilière.

C’est un projet de même nature qui semble être dans les cartons de l’Elysée : permettre aux associations cultuelles d’avoir des propriétés et d’en tirer des profits qui iront droit dans les caisses des cultes. Et dans « en même temps » contrôlait étroitement le culte musulman par une modification du Titre IV de la Loi de 1905 sur la police des cultes.

Pour arriver à cette offensive antilaïque, il va pratiquer comme pour toute contestation de ses réformes réactionnaires : matraquer, emprisonner, garder à vue, réprimer tous ceux qui osent contester. Nous « n’essayons pas la dictature », nous y sommes déjà. Et des Gilets jaunes en passant par les grévistes contre la réforme des retraites, des lycées, collégiens et étudiants contre les réformes destructrices de Jean-Michel Banquer « grand ami des faux laïques, mais vrais xénophobes », des pompiers aux personnels hospitaliers, chacun a pu connaitre le gout des lacrymogènes et le poids des matraques. C’est là la démocratie et le dialogue d’Emmanuel Macron : façon casques lourds et gardes à vue.

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Comment ne pas voir le parallèle saisissant de ces pratiques avec ce qui se fait actuellement dans la Fédération nationale des DDEN ? Tous ceux qui ne sont pas dans la ligne du Président Khaldi sont réprimés, expulsés, exclus. Celui-ci a tout fait, sans réel succès, pour diviser le mouvement laïque, avec l’aide de quelques supplétifs en quête de prébendes, quand les laïques se regroupaient dans l’unité pour dire Non à toute modification de la loi de 1905.

Comme le note Michel Bureau dans ce numéro 6 du Délégué laïque : « Dans le compte-rendu du Conseil Fédéral du 14/11/2019, adopté par le Conseil fédéral du 23 janvier 2020, on apprend que le Conseil Fédéral a voté à l’unanimité la radiation d’un DDEN de Marseille.

Son crime ?

« Patrick Krikorian de sa propre initiative, sans informer la direction de la Fédération, a transmis un banal document de 3 pages sur les visites (d’écoles) de Marseille au DASEN, à la Maire-Adjointe de Marseille et à quelques membre de son CA au nom de la Fédération alors qu’il n’a participé à aucune des visites avec elle. La Mairie de Marseille a interrogé la Fédération qui avait pris l’engagement de ne rien diffuser. Le Conseil Fédéral estime que Patrick Krikorian a commis là des fautes graves .

Incroyable, mais vrai ! Un DDEN est radié de la Fédération parce qu’Eddy Khaldi avait passé un accord (secret) avec le Maire de Marseille pour que rien ne soit dit sur la situation scandaleuse de certaines écoles de quartiers populaires de Marseille laissées à l’abandon !  »

A cela s’ajoute la demande de radiation des 7 DDEN de Sevran, la « convocation » des DDEN du 04 au siège national, la radiation du DDEN du Rhône pour avoir protesté contre les ingérences du curé dans l’Ecole du village.

Il fut un temps où cela s’appelait la « normalisation », il y a décidément des nostalgiques d’une époque révolue où l’on faisait taire tous les opposants, de Santiago du Chili à Prague en Tchécoslovaquie. Quand on se prend pour Brejnev, on finit toujours comme Brejnev : dans les poubelles de l’Histoire.

L’Histoire est cruelle, mais c’est l’Histoire. Et quand elle repasse les plats, c’est toujours la deuxième fois dans une comédie grotesque.

Paul Feldmann