«  L’ÉCOLE DU FUTUR  »  : l’expérience de Marseille.

Le Président de la République a lancé «  l’école du futur  » en septembre 2021 quand il a présenté un plan d’urgence «  Marseille en grand  ». Il faut dire que la dégradation des écoles publiques dans les quartiers populaires était devenue un scandale et une honte pour les autorités publiques qui ont abandonné ces quartiers et les personnes qui y vivent, en particulier les enfants.

En quoi consiste cette «  école du futur  »  ? M. Macron précise  : «  Donner plus de liberté pédagogique aux enseignants  ».

Mais encore  ?  «  L’école de la République a le droit d’inventer, d’avoir de la souplesse, d’être plus libre  ».

Mais encore  ? «  L’école du futur permet aux établissements de monter un projet innovant autour de la culture, des langues, de l’environnement ou des sciences en donnant aux directeurs d’école la possibilité de participer au recrutement de leur équipe pédagogique.  »

Dans les 50 écoles laboratoires, les projets, les rythmes scolaires, les horaires scolaires, la durée des cours, les façons d’enseigner seront à définir avec les élus et les associations de droit privé… N’est-ce pas l’école «  autonome  » qui a son «  caractère propre  » où le Directeur recrute ceux qui le partagent avec lui et ceux qui apporteront des fonds à l’école  et leur grain de sel ?

Le Président a précisé qu’il voulait faire des écoles marseillaises «  un laboratoire de liberté et de moyens  ».

Les élèves seraient-ils devenus des «  cobayes  » pour «  des expériences  » d’une école qui ne respecterait plus les programmes scolaires nationaux par année,  jamais cités par les autorités engagées dans «  la territorialisation  » de l’Ecole ?

Plus de 100 écoles marseillaises n’ont pas souhaité rentrer dans ce dispositif et tous les syndicats soulignent que c’est tout le statut des enseignants, basé sur des critères communs à tous en matière de recrutement et de déroulement de carrière,  qui serait bouleversé ! Faudra-t-il demain parler de recrutement et de  rémunérations «  à la tête du client  »  ?

Et puis sur quels critères les Inspections vont-elles sélectionner les écoles  ? l’AFP informe que le document envoyé aux écoles s’intitule  : «  Appel à projets innovants Plan Marseille 50 écoles  »  ! Sur quels critères des écoles seront retenues et pas les autres  ?

Selon Le Point, la Députée de Marseille, Mme Cathy Racon-Bouzon, le concède  :  «  Il s’agit vraiment d’une expérimentation «  à la carte  » avec autant de « projets que d’écoles  » et des postes «  à profils  » ». Un débat qui dépasse largement Marseille surtout après l’adoption de la loi Rilhac changeant le statut des directeurs d’école.

Ce n’est plus une «  innovation  » qui laisserait «  une plus grande liberté pédagogique aux enseignants  » mais bien «  une expérimentation  » qui déroge aux réglementations nationales en vigueur dans le Code de l’Éducation (Art. L. 314-2 du Code de l’Éducation) dans le but de la généraliser à toutes les écoles du pays  !

Actuellement 75 écoles ont été retenues et perçoivent des moyens financiers de l’ordre de 3 millions d’Euros au total. Chacun comprendra que ces fonds sont les bienvenus pour améliorer les conditions d’enseignement dans les écoles publiques. Mais en quoi toutes les écoles publiques ne les mériteraient pas  ?

Le «  Fonds d’innovation pédagogique  » présentés par le Président de la République en août, doté de 500 millions, est-il donc réservé aux écoles obéissantes aux vœux des autorités politiques engagées dans un processus de démantèlement de l’Éducation Nationale  ?

L’État a, par ailleurs, promis 400 millions d’Euros pour la rénovation des écoles de la cité phocéenne. N’est-ce pas un véritable appel pour que l’État débloque les fonds publics pour rénover les Écoles publiques de toutes les Cités populaires  que l’État a abandonné ?

Faudrait-il, pour être entendu, que les Maires fassent tous une grève de la faim devant l’Assemblée nationale comme l’avait fait Stéphane Gatignon, le Maire de Sevran en Seine-Saint-Denis, en novembre 2012, pour que soit réhabilitée partout l’École de la République, l’espoir de notre jeunesse  ?

La loi Rilhac, les évaluations d’écoles, le Socle, le Pacte, les vacances scolaires… LES PIÈCES D’UN MÊME PUZZLE

Plusieurs mesures en cours d’élaboration et d’application par l’Etat et les autorités de l’Éducation Nationale composent un puzzle «  territorialisant l’Ecole publique  ».

Le Pacte enseignant  :

Si le «  SOCLE  » est la partie fixe des rémunérations des personnels, le PACTE est une rémunération d’une partie mobile correspondant à des «  missions supplémentaires  contractuelles  »  : remplacements de courte durée, missions d’orientation, d’accompagnement d’élèves en difficulté et autres… en fonction des besoins locaux et territoriaux pour combler le manque d’enseignants (2000 postes supprimés à la rentrée prochaine). Un Professeur des écoles pourra faire du soutien… dans une autre école et en collège.

Une mobilité permanente des personnels en dehors de leurs obligations de service et  au gré des territoires  ?

Les vacances scolaires  :

La proposition de les réduire est avancée officiellement. Elles ne sont pas plus longues que dans la plupart des pays européens et l’argument qu’elles «  creuseraient les inégalités sociales et scolaires  » est très discutables quand il suffirait de satisfaire les demandes des collectivités territoriales et des Associations de disposer des moyens nécessaires pour assurer les activités culturelles, sportives et de loisirs pendant les congés.

N’est-ce pas une territorialisation des dates des vacances scolaires par territoire qui se prépare en réalité  ?

La scolarisation dans les quartiers prioritaires des enfants dès 2 ans en maternelle et des collégiens accueillis de 8 à 18H.

Avec quels personnels quand on sait que l’Éducation Nationale manquera de plus de 4000 postes à la rentrée obligeant les Départements (et c’est heureux qu’ils le fassent) à recruter les inscrits sur les listes complémentaires du concours de recrutement des professeurs des Écoles  ?

Par des recrutements territoriaux de contractuels  ?

La loi Rilhac sur la Direction d’Ecole.

C’est sans doute la clé de voûte de la territorialisation de l’école. Actuellement les Directeurs d’école sont des professeurs des écoles chargés d’une direction d’école. Le «  patron  » c’est le DASEN et l’IEN, pas le directeur.

La loi prévoit un nouveau statut augmentant leur charge de travail et leurs responsabilités. Il pourrait se voir retirer cet emploi, prévu pour 3 ans, dans l’intérêt du service. «  Il sera assis sur un fauteuil éjectable  » dénonce plusieurs syndicats. Il participera au recrutement des enseignants en fonction du «  projet territorial  ».

L’IEN est appelé à disparaître. Qui inspectera les personnels et les établissements  ? Le Conseil d’école actuel est consultatif.

Le nouveau conseil territorial serait décisionnel et le Directeur devrait obéir à ses décisions. L’Éducation Nationale passerait la main et les Décrets d’application suivront.

«  Les évaluations d’écoles  »  :

Cette disposition soulève de sérieuses contestations. Ces évaluations d’écoles ne sont en effet qu’une préconisation du CEE (Conseil d’Évaluation de l’École) instauré en 2019. Une préconisation ou une demande de qui que ce soit ne peut aucunement avoir force de loi dans une École de la République qui est gérée par des textes officiels et réglementaires émanant de l’Éducation Nationale. De telles évaluations ne sauraient donc être imposées à qui que ce soit.

Les enseignants sont sous l’autorité de l’IEN chargé du suivi de l’enseignement dispensé et de l’inspection des personnels enseignants. C’est à lui qu’il incombe de rédiger les rapports sur ses visites de classes et d’écoles et à personne d’autres.

Il peut apparaître curieux d’être amené à rappeler ces évidences administratives et réglementaires dans la fonction publique. Comment donc ne pas s’inquiéter d’une démarche qui ne peut présenter qu’un seul intérêt  : évaluer le «  projet éducatif territorial  » par la «  communauté éducative  » au lieu d’évaluer la mise en œuvre des programmes scolaires nationaux dans chaque et toutes les écoles du pays  ?

Avec ces «  évaluations d’écoles  » c’est la concurrence entre elles qui est organisée et autorisera ainsi les parents, comme dans le privé, à vouloir choisir l’école pour leurs enfants.

LAÏCITÉ QUE NE FAIT-ON PAS EN TON NOM  ?

Beaucoup de choses sont dites et écrites sur la laïcité nécessitant une clarification pour définir exactement de quoi on parle.

La laïcité n’est ni une opinion ni une position sur la ou les religions.

Elle n’est pas non plus une manière de penser ou de se comporter.

La laïcité se résume en une phrase qui la définit très bien, sans adjectif ni commentaires de toutes sortes  : Larousse (édition 1966)  : «  Système qui exclut les Églises de l’exercice du pouvoir politique ou administratif et en particulier de l’organisation de l’Enseignement  ».

La laïcité c’est tout simplement la Séparation des Églises et de l’État. Elle peut être résumée par cette déclaration de Victor Hugo à l’Assemblée Nationale contre la loi Falloux  : «  l’Église chez elle, l’État chez lui  ».

Les lois scolaires sous la 3ème République (lois Jules Ferry en 1881-1882) ont confié à l’État et ses institutions (en premier lieu le ministère de l’Instruction publique désormais l’Éducation Nationale) la totale responsabilité de l’enseignement public, gratuit et obligatoire.

La loi de 1905 va consacrer institutionnellement ce principe de la République  : la laïcité institue la stricte neutralité de l’État et des institutions publiques de la République à l’égard de toutes les religions.

Logiquement la loi de 1905 (article 2) précise en conséquence que «  la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte  ».

La laïcité de l’École et de l’État ne conduit pas à interdire les écoles privées, confessionnelles ou non, qui doivent, comme toute société ou entreprise privée, respecter la législation en vigueur (en particulier en matière de protection de l’enfance).

Bien entendu, depuis 1905, les autorités de l’Église catholique ne renonceront jamais à remettre en cause la loi de 1905. Ce fut d’ailleurs parmi les premières mesures du régime de Pétain de rétablir (entre autres) le financement des écoles catholiques par les fonds publics. Mais la vague révolutionnaire qui a succédé à la fin de la guerre va non seulement abolir les mesures antilaïques du Régime de Pétain mais la Constitution de 1946 rappelle que «  l’organisation de l’enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État  ». Le Statut de la Fonction publique adoptée en 1948 va faire de l’organisation scolaire publique, avec son ministère de l’Éducation Nationale et ses personnels fonctionnaires d’État, une véritable institution de la République.

La 5ème République instituée en 1958 avec le coup d’État gaulliste n’aura de cesse de vouloir démanteler cette institution publique colossale (ce «mammouth  » dénoncera le Ministre Allègre) en commençant par la loi Debré de 1959 faisant du financement des écoles privées (à 92% catholique) un devoir de l’État et des Collectivités publiques. 12 milliards en 2021 seront ainsi détournés du budget de l’Éducation Nationale pour financer les établissements privés au mépris de la loi de 1905. Le principe laïque «  à École publique fonds publics, à écoles privées fonds privés  » disparaît des références officielles y compris dans l’Éducation Nationale  !

Une campagne sera engagée sans discontinuer (en particulier depuis 1981 avec le projet de loi Savary qui avortera) pour dénaturer de plus en plus le mot de laïcité pour la définir comme autre chose que l’interdiction faite à l’État et ses institutions de reconnaître et de financer les établissements scolaires confessionnels.

La laïcité est assimilée à «  la liberté de conscience et de culte  » alors qu’elle en est une des conditions en garantissant à tous la neutralité de l’enseignement public et des institutions de l’État.

Elle est aussi assimilée à «  la liberté de pensée  de tous  » alors qu’elle garantit celle-ci en n’autorisant pas l’État à financer des institutions religieuses avec l’argent public produit de l‘impôt de tous les citoyens.

La laïcité «  favoriserait l’égalité des droits  »  ? Quels droits  ? Celui de l’État de financer les écoles confessionnelles  ?

La laïcité interdirait «  le port de signes religieux ostensibles au sein des établissements scolaires publics  », ce qui s’impose évidemment aux fonctionnaires et aux élèves mais pas aux personnes de droit privé amenés à entrer occasionnellement dans une école publique, par exemple pour venir chercher un enfant en classe maternelle ou rencontrer un enseignant.

La laïcité serait le refus que «  des élèves remettent en cause les contenus d’enseignement  »  ? Même si l’enseignant sort des programmes scolaires en portant atteinte à la liberté de conscience d’un élève et de sa famille ? Faut-il condamner Jules Ferry qui, dans sa fameuse lettre aux instituteurs leur demande de toujours se poser la question de savoir si ce qu’ils vont dire risque ou non de froisser la conscience de l’élève et de sa famille  ?

Il est même désormais demandé aux enseignants par les autorités de l’Éducation Nationale (qui versent des milliards aux écoles confessionnelles) de dénoncer des propos ou des comportements d’élèves assimilés à des violations de la laïcité au nom «  des valeurs de la République  » qui ont autant de définitions qu’il y a de courants politiques  ? Combien de Députés violent tous les ans la laïcité en votant des milliards de fonds publics aux écoles confessionnelles  ? Serait-ce devenu une valeur de la République de violer la loi de 1905 instituant la laïcité de l’École et de l’État  ? Comme donneurs de leçons aux élèves de l’École publique pour leur faire comprendre la laïcité, on pourrait faire mieux  !

L’orientation des pouvoirs publics est désormais clairement affichée  : mettre rapidement en place DES ÉCOLES TERRITORIALES dirigées par des Conseils rassemblant les élus politiques locaux, les associations diverses qualifiées d’Éducatives, les entreprises et bienfaiteurs de l’École se dotant de «  projets éducatifs  » de territoires et de recrutements locaux de personnels selon les influences et intérêts territoriaux les plus divers. N’est-ce pas la base sur laquelle fonctionne déjà les écoles privées sous contrat  avec leur «  caractère propre  »  ?

Démanteler l’École de la République une et indivisible au nom des «  valeurs de la République  » et de la laïcité, il fallait le faire.

Ne serait-il pas temps d’aller vers une Confédération des forces laïques de notre pays pour sauver l’École de la République menacée de démantèlement, rétablir la loi de 1905 et remettre en cause la loi Debré détournant les fonds publics pour financer les projets dits éducatifs des écoles confessionnelles sous contrat avec l’Etat  ?

Michel Rolland

Quelles perspectives pour les DDEN  et le mouvement laïque dont ils font partie  ?

Questions à Denise et Michel Landron,
Secrétaire et vice-Président de l’Union des DDEN du Maine et Loire.

DDEN, vous avez été exclus arbitrairement de la Fédération Nationale des DDEN par son Président Eddy Khaldi. Où en êtes-vous  ?

D’abord, les DDEN, que nous sommes, avons nos missions à remplir dans les écoles où nous avons été affectés. Ces missions officielles, définies dans plusieurs articles du Code de l’Éducation, consistent à veiller à ce que les bonnes conditions requises de la vie scolaire dans les écoles publiques soient respectées par tout le monde. Nous n’intervenons pas sur les questions pédagogiques du ressort des IEN et du DASEN. En revanche, il nous revient de signaler aux autorités concernées (IEN, DASEN, Maires et préfets) tout ce qu’il convient de faire pour que les conditions exigibles dans l’Ecole de la République soient respectées. Nos partenaires privilégiés sont évidemment les personnels de l’École, en premier lieu le Directeur-trice, et les parents d’élèves dont des représentants siègent au Conseil d’École. Nous veillons, par exemple, que toutes les demandes des écoles en matière de locaux, équipements, hygiène et sécurité, transports et restaurations scolaires… soient inscrites dans les comptes-rendus des Conseils d’École et prises en compte par les autorités concernées.

C’est ainsi que nous avons été sollicités pour permettre des échanges constructifs avec les autorités municipales et académiques pour le renoncement à une volonté de fusionner les 2 écoles publiques annoncée par la presse et sur la nécessité de procéder sans délai à la réhabilitation d’une des 2 écoles (fenêtres cassées, moisissures sous les linos, infiltrations…). Une réunion des parents et des enseignants des deux écoles, avec énormément de monde s’est tenue et les demandes ont obtenu un avis favorable du Conseil Municipal.

DDEN nous sommes des «  médiateurs  », mais aussi «  des lanceurs d’alertes  », pas pour contester, mais pour obtenir ce qui est indispensable dans une école publique. Par exemple, il a fallu intervenir pour le respect des normes «  sécurité-incendie  » et aussi pour qu’une enfant handicapée intégrée dans une classe maternelle dispose d’une chaise à roulette pour se déplacer et d’un lit adapté pour la sieste. Quand les DDEN accomplissent leurs missions, c’est toujours très bien apprécié par les parents et les personnels même si, parfois, des élus favorables à l’école privée soient moins enthousiastes…

Ils peuvent parfois être accusés d’être des «  fauteurs de troubles  » alors qu’ils ne font qu’accomplir leurs missions de défense de l’École de la République. C’est d’ailleurs pour cela que les DDEN ont historiquement constitué des Unions Départementales sur la base de la loi de 1901 sur les Associations. Cela renforce leur indépendance à l’égard des pouvoirs publics et leur permet d’agir au sein du mouvement laïque sur les questions qui concernent l’avenir de l’Éducation Nationale quand elle est affaiblie ou même menacée de démantèlement.

Toutes les Unions Départementales, affiliées ou non à la Fédération nationale des DDEN, sont concernées par l’orientation des pouvoirs publics d’aller vers «  l’école territoriale  » qui, avec «  l’autonomie des établissements scolaires  » éclaterait l’École de la République en mille morceaux.

L’Union Départementale du Maine et Loire a lancé, dès le mois de février, un appel national à ce sujet pour le regroupement des associations et organisations laïques face à «  la territorialisation de l’Ecole publique  ». Quel écho avez-vous rencontré  ?

Au plan départemental, notre Union a rencontré presque toutes les organisations qui affirment leur attachement à l’École laïque. Ce n’était pas évident, car la plupart étaient très engagées dans la mobilisation pour le retrait de la réforme des retraites. Mais, les échanges ont été positifs. Les associations laïques et les syndicats ont très sérieusement échangés pour mesurer ensemble l’importance de l’entreprise de démantèlement de l’Éducation Nationale engagée à travers la dénationalisation de l’enseignement public pour l’aligner sur le modèle des établissements privés sous contrat. Il nous reste à rencontrer le «  Comité Vigilance Laïcité  » constitué dans le 49 depuis plusieurs décennies, et l’Association des Maires Ruraux. Nous essayons de réunir les conditions d’une assemblée commune sur cette question où se joue l’avenir de l’École publique.

Au plan national, notre Union participe aux échanges organisés (une fois par mois en visio conférence) par le CLRUA (Comité de Liaison….) comprenant des Unions et des DDEN affiliés ou non à la Fédération nationale.

La prochaine réunion, outre le point sur les conditions de la rentrée scolaire, aura à l’ordre du jour l’élargissement du CLRUA à d’autre Département, la création d’un site accessible à tous, qui pourra rendre compte des interventions des DDEN dans l’accomplissement de leurs missions officielles et aussi du caractère nécessairement national de la défense de l’Institution scolaire républicaine menacée.

Notre Union est évidemment affectée par l’exclusion de la Fédération prononcée contre elle et l’Union des Bouches-du-Rhône. Ce n’est certainement pas en bridant la libre discussion, voir en l’interdisant que la Fédération nationale regonflera les effectifs de DDEN qui baissent chaque année. Pour nous, l’essentiel est dans la souveraineté des Unions Départementales qui, toutes, seront sollicitées pour se mobiliser contre la territorialisation de l’École. Pour l’instant, Eddy Khaldi n’en parle pas. Il parle bien de remettre en cause les fonds publics aux écoles privées confessionnelles, mais pour le moment, il fait soigneusement silence sur le démantèlement de l’Éducation Nationale. N’est-il pas pourtant un inestimable cadeau à l’enseignement privé  ?

On verra s’il pourra maintenir encore longtemps ses orientations destructrices de la Fédération nationale.

En tout cas, les Unions départementales souveraines et les DDEN sauront trouver les voies et les moyens de participer à l’action publique et unitaire indispensable pour sauver l’École de la République. N’est-ce pas leur mission et aussi un devoir pour les DDEN  ?

Pour tout contact  et correspondance :

Dany Rosier, Président de l’Union des DDEN de Maine et Loire,

3 rue des bords de Loire, Chênehutte, 49350 Gennes Val de Loire – 06 83 34 00 87 – dany.rosier@worldonline.fr

Denise Bureau-Landron, Secrétaire  : 06 30 72 81 44 – deniselandron@orange.fr

Résolution laïque du Congrès national de la Libre Pensée

Des atteintes toujours nombreuses à la laïcité
Défendre et promouvoir la laïcité, sans hypocrisie !

Cette année encore les atteintes à la laïcité n’ont pas cessé. Partout en France des édiles oublient la loi de 1905, et tentent d’imposer des symboles religieux sur l’espace public en contrevenant à l’article 28 : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit. » Les installations ou réinstallations de statues, crèches et autres se multiplient, le plus souvent avec l’appui de l’extrême-droite, de Marion Maréchal, Zemmour ou – pour un temps encore – De Villiers. À Béziers, l’apparenté Rassemblement National Ménard, a pris un arrêté pour entériner la présence annuelle d’une crèche dans la maison commune. Benoît Payan, Maire de Marseille, se fait coorganisateur avec le Cardinal Aveline des rencontres méditerranéennes entre des Évèques et des jeunes, et dans ce cadre se vante d’avoir invité le pape à venir. Ce qui mobilise des fonds publics. Toutes ces attaques contre la laïcité se font le plus souvent avec la complicité de l’État et de ses représentants.

Nous avons dénoncé l’hypocrisie de la loi « Séparatisme », présentée par Emmanuel Macron qui devait, selon lui, empêcher qu’« au nom d’une religion ou d’une appartenance, on [veuille] se séparer de la République, donc ne plus en respecter les lois et donc menacer la possibilité de vivre ensemble ». Jamais celle-ci n’est invoquée quand il s’agit du catholicisme, mais elle est systématiquement brandie contre le culte musulman. Au moment même où l’extrême-droite accentue ses références aux racines chrétiennes de la France, la Fédération nationale de la Libre Pensée rappelle que la loi de 1905 appelle l’État à ne reconnaître aucun culte.

Tout au contraire, le Président de la République et son gouvernement multiplient les signes d’un appel au sacré, jusqu’à sa récente visite au Mont-Saint-Michel, ou encore lorsque le prétendu Sacré-Cœur de Montmartre a été classé monument historique. La FNLP se prononce pour l’abrogation de la loi « séparatismes » et des concordats.

La mère de la bataille reste la défense de l’École publique. En 2023, au nom de la Loi Debré de 1959, 13 à 15 milliards d’euros sont versés à l’enseignement privé, à 97 % catholique. Avec Jean-Michel Blanquer les offensives se sont multipliées à tous les niveaux. À l’école la scolarisation et instruction obligatoires dès trois ans est un cadeau au privé à la charge des communes. Le tapis rouge est déroulé à l’enseignement supérieur catholique. Cette année, les attaques contre l’enseignement professionnel continuent à affaiblir l’école publique. Récemment, l’Accord entre l’État et l’Enseignement catholique du 17 mai 2023 renforce la présence de l’enseignement privé, en en faisant un élément de l’offre publique d’éducation, voire un modèle que le gouvernement veut imposer aux enseignants du public. Nous en appelons au respect des principes laïques et républicains : la seule école libre ouverte à , c’est l’École publique, et en conséquence fonds publics pour la seule École publique.

La Libre Pensée est attaquée

Face aux atteintes à la loi de 1905, la Libre Pensée a exercé tous les moyens du Droit pour faire reculer les tentatives de re-sacralisation de pans entiers de l’espace public. Force est de constater que notre action dérange, car nous ne comptons plus les articles, billets, tribunes qui mettent en cause directement la Fédération nationale de la Libre Pensée et ses militants et militantes. Nous sommes qualifiés de tous les noms : bouffeurs de curés, Francs-Maçons, islamo-gauchistes, la palme revient à Valeurs actuelles qui en un seul article réussit à nous qualifier d’« Extrémistes », « radicaux », «laïcards forcenés », « intégristes de la laïcité », « anti-catholiques », «laïcistes acharnés », « militants antichrétiens ». On pourrait en rire, mais chacun sait que les insultes ne sont jamais anodines. Alfred de Musset disait déjà dans Lorenzaccio : « Ceux qui mettent les mots sur leur enclume, et qui les tordent avec un marteau et une lime, ne réfléchissent pas toujours que ces mots représentent des pensées, et ces pensées, des actions. »

Déjà vandalisée dans le passé, notre librairie a récemment fait l’objet d’un rassemblement haineux, de la part d’un groupuscule d’extrême-droite qui n’a pas besoin de trouver ici de publicité. À cette occasion nous avons lancé un appel à la solidarité qui a remporté un large succès auprès des associations, personnalités, élus, syndicats, partis et Obédiences maçonniques. Nous savons cependant que certains désormais ne se solidarisent plus, lorsqu’il s’agit de la Libre Pensée ou de la Ligue de Droits de l’Homme, quand elles sont attaquées au plus haut sommet de l’État.

La confusion entre laïcité et sécularisation perdure

Lors du précédent congrès à Voiron, nous écrivions : « Prétendre à la «laïcité de la société » est ambigu : si l’on désigne le fait de la « sécularisation des institutions », alors toute la société est concernée ; si l’on voulait que la société civile soit soumise à une interdiction des croyances, alors la laïcité serait bafouée. L’article Premier de la loi de 1905 le proclame bien haut : la laïcité commence par la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.»

Or loin de reculer, la confusion entre laïcité et sécularisation s’accroît. Là encore, nous ne sommes pas dupes ! Quand un Élu propose de substituer aux jours de congés liés traditionnellement à la religion chrétienne des jours de congés laïques, des voix hypocrites s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles appellent « wokisme », mais demandent avec instance aux Musulmans de pratiquer leur culte avec discrétion. Sur le fond, s’agissant des jours fériés d’origine religieuse, la loi de 1905 ne reconnaissant aucun culte, les a laïcisés de fait, quel que soit leur statut antérieur. C’est aussi le cas des noms des jours de la semaine ou des mois remontant à de vagues divinités antiques. En revanche, la Libre Pensée peut accueillir favorablement des jours fériés en plus commémorant des événements historiques ou pour des visées progressistes. Pas étonnant a contrario que le sénateur LR Stéphane Le Rudelier ait quant à lui déposé une proposition de loi pour inscrire dans la constitution que la France est « de tradition judéo-chrétienne ». Où s’arrêteront-ils ? Le philosophe Pierre-Henri Tavoillot qui dirige à la Sorbonne le Diplôme Universitaire « référent laïcité : gestion du fait religieux » se répand sur les plateaux pour affirmer que la laïcité suppose un devoir de discrétion, contrairement à l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme qui stipule que nul ne peut être inquiété pour ses opinions même en matière religieuse. Là encore nous devons, avec d’autres, comme la Vigie de la Laïcité en rappeler sans cesse les principes de la loi de 1905.

Une action résolue pour la liberté de penser

Ce tableau n’est cependant pas si noir. Nous l’avons signalé et nos ennemis s’en offusquent, la Libre Pensée continue de mener son action résolue pour la défense de la loi de 1905 et remporte d’importantes victoires aux tribunaux. De manière moins médiatique, notre refus des dispositions de la loi « Séparatisme » permet le plus souvent de faire reculer des maires prompts à exiger la signature des « contrats d’engagements républicains » (CER), mais ici le combat est rude.

En ce qui concerne l’école, la conception réactionnaire impulsée par J.M . Blanquer n’a pas été totalement abandonnée. Il ne faut pas relâcher la pression, et voir, là où cela est possible, comment la Libre Pensée peut partager avec les personnels d’éducation son analyse des questions laïques, notamment dans la lecture de la loi de 1905 et le refus de la confusion entre laïcité et sécularisation.

Marche unitaire le 23 septembre 2023

Pour la fin du racisme systémique,
des violences policières
pour la justice sociale
et les libertés publiques

Le meurtre de Nahel, tué par un policier à bout portant le 27 juin 2023 à Nanterre, a mis de nouveau la lumière sur ce qui doit cesser : le racisme systémique, les violences policières, et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron. Une politique néolibérale imposée par des méthodes autoritaires, des lois sécuritaires et une doctrine du maintien de l’ordre décriée jusque dans les plus grandes instances internationales. Une politique régressive qui fait le lit de l’extrême-droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique.

En première ligne des victimes de ces choix politiques, les habitant·es, et notamment les jeunes des quartiers populaires et des territoires ultramarins, qui subissent de plein fouet l’aggravation de toutes les inégalités sociales dans un contexte économique d’inflation, de hausse des loyers, des prix de l’énergie et de politiques d’urbanisme brutales. Les réformes de la Macronie accentuent la pauvreté en durcissant notamment l’accès aux prestations sociales. La scandaleuse réforme de l’assurance chômage en est un exemple significatif alors que la précarité au travail augmente.

Les révoltes dans les quartiers populaires ne peuvent s’analyser que dans ce contexte global. Les habitant·es de ces quartiers, et notamment les mères isolées, pallient bien souvent seul·es les carences de services publics dont la destruction s’accélère de jour en jour.

A côté de cela, de nombreuses violences sont perpétrées contre les populations : délocalisation et destruction de l’emploi, évasion et fraude fiscale, mode de vie des ultras riches écocidaire, supers profits
des multinationales, modes de production hypers polluants responsables de la crise climatique. Et pour cela, l’Etat laisse faire ! De plus, les populations racisées et/ ou issues des classes sociales défavorisées, des quartiers populaires, des zones rurales et périurbaines appauvries, des territoires
ultramarins sont victimes de violences institutionnelles et systémiques, notamment policières.

La politique répressive de l’Etat est encore renforcée par le dernier remaniement ministériel, qui a élargi les compétences du ministère de l’Intérieur à la ville, l’Outre-mer et la citoyenneté. La répression s’étend
avec toujours plus d’intensité et de violences policières, d’interdictions de manifester, contre le mouvement social et écologiste, comme lors de la lutte contre la réforme des retraites rejetée par l’immense majorité des travailleur-ses et leurs syndicats et à Sainte-Soline. La liberté associative, directement et indirectement, est de plus en plus mise en cause. Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’institution policière paraît hors de contrôle du pouvoir politique. Des déclarations factieuses de certains syndicats de policiers suite au meurtre de Nahel aux déclarations du Directeur général de la police nationale et à celle du Préfet de police de Paris ainsi que le ministre de l’intérieur, c’est l’institution policière qui aujourd’hui remet en cause l’État de droit, plutôt que de mettre fin à l’impunité des auteurs de violences policières.

Nos organisations syndicales, associations, collectifs, comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières et partis politiques se mobilisent ensemble dans la durée pour la convergence des justices antiraciste, sociale et écologique, féministes et pour que cessent les politiques sécuritaires et anti sociales.

La crise démocratique, sociale, politique que nous traversons est très grave. Nous ne pouvons accepter qu’il y ait encore d’autres morts comme Nahel, ou d’autres blessé.es, victimes des violences policières.

Nous appelons à reprendre la rue samedi 23 septembre, à organiser des manifestations ou d’autres initiatives sur tout le territoire, pour faire front ensemble contre la répression des contestations sociales démocratiques et écologiques, pour la fin du racisme systémique, des violences policières, et pour la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques.

Nous exigeons des réponses immédiates et dans l’urgence :
– abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ;
– une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement
– le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique ;
– la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police ;
– Un plan d’investissement public ambitieux dans les quartiers populaires et sur l’ensemble du territoire pour rétablir les services publics, le financement des associations et des centres sociaux

Marchons toutes et tous ensemble le 23 septembre !

Premières organisations signataires :

Collectifs/comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières : Coordination pour la Défense des habitants des Quartiers Populaires, Coordination nationale contre les violences policières, Coordination nationale “Marche 40 ans”, Collectif Justice pour Claude Jean-Pierre, Comité Justice pour Othmane, Collectif Justice et Vérité pour Yanis, Comité Justice pour Alassane, Collectif Stop Violences Policières à Saint-Denis, Comité vérité et justice pour Safyatou, Salif et Ilan, Mémoire en marche Marseille.

Organisations syndicales : CGT, FSU, Union syndicale Solidaires, Fédération Syndicale Étudiante (FSE), Mouvement national lycéen ( MNL ), L’Union étudiante.

Associations et autres collectifs : Alternatiba, ANV-COP21, Attac France, Collectif National pour les Droits des Femmes (CNDF), Coudes à Coudes, Dernière Rénovation, Droit Au Logement (DAL), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), Fédération nationale de la LIbre Pensée, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), Les Amis de la Terre France, La Révolution est en marche, Marche des Solidarités,
Memorial 98, Planning familial, Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), Association Stop Aux Violences d’État, Alternatiba Paris, Association Intergénérationelle de la Rabière
(AIR-37), Association Naya (37), Association Nouveaux Souffle pour l’Insertion Sociale et Professionnelle (ANSIP-37)

Organisations politiques : EELV Europe Ecologie Les Verts, ENSEMBLE Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Solidaire, LFI – La France insoumise, Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires ( FUIQP), Gauche démocratique et sociale (GDS), La Gauche Ecosocialiste, Génération.s, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti Ouvrier Indépendant (POI), Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Vivre Ensemble Solidaires en Métropole Tourangelle (VESEMT-37)

La chasse aux musulmans….

« Musulman par mon Père
Catholique par ma mère
Communiste par Grand-père
Anarchiste par mon fils…
Athée ô grâce à Dieu (bis) »
de Mouloudji, dans « autoportrait »

Quelques nuages dans le ciel bleu, sur la Loire…
Des milliers de pâquerettes se fermant, le soir…
Près du Moulin, le merle et sa nana sautillent
Dans l’herbe, infatigablement…point ne roupillent !
Des coquelicots jettent une tâche de rouge
Près du vieux puits, mais…rien ne frémit, rien ne bouge…
« Calme et volupté » comme aurait dit Baudelaire.
Et pourtant, mon esprit gronde et ne veut se taire.
Impossible de le raisonner, il rumine
Il tonitrue ! éructe ! pleure ! il fulmine !
Tout mon glorieux passé de professeur d’histoire
Me saute à la gorge et me revient en mémoire.
Dans les manuels il y a toujours tant d’oublis
Tant de non-dit, tant de mal-dit, de partis-pris
Tant de vilénies…on ne peut dire aux enfants
Tout ce dont sont coupables les gouvernements !
Au nom de Dieu, ou de Vichnou ou bien d’Allah !
Le plus souvent au nom de leurs coffres-forts ! Là
Où se cachent des dollars, l’or, l’argent, les yens
Ou je ne sais, quelques vieux bas de laine.
Tout me revient, déferle en folles cavalcades…
ça tombe de haut comme de froides cascades !

« Le massacres des premiers chrétiens
L’Extermination des Indiens
Celui des protestants de la saint Barthélémy.
Celui des fusillés de la commune de Paris
Celui des sud-africains
Exterminés par des protestants blancs et pensant-bien
L’horreur des camps nazis, et tous les juifs exterminés
L’horreur des Palestiniens, chassés de leur maison, tués,
Par des chefs d’État juifs qui font, à leur tour, la guerre !
Et tous ces enfants qui errent !
Et les bonnes bonnes-sœurs irlandaises
Assassinant les bébés sans père, à leur aise ; 
Les enterrant… peut-être vivants
Sous les murs, dans les souterrains du couvent !
Et les abbés, évêques, curés, sous leur soutane
Bien perturbés, agitant leur stérile membre d’âne
Devant les enfants terrorisés
A jamais perturbés !
Et tous ces Algériens torturés, tués par les soldats
Français qui auraient bien aimé ne pas avoir été enrôlés pour cela !
ET, toutes les jeunes femmes en Iran, si belles et si rebelles
Qui finissent au bout d’une ficelle !
Leurs frères, leurs amis qui les aiment
Continuent le combat ; la révolte, ils sèment !
Et nos amis, Jacques et Cécile
Depuis plus d’un an, enfermés, en péril !
Samuel Paty fut décapité.
Personne, de mourir ainsi, n’a mérité !
Barbarie infâme !
Insupportable !
Intolérable !

Professeur, c’est passionnant,
Mais, si la parole est aisée, il est difficile d’être enseignant !
Peut-on dire à ses élèves
En cours, de fermer les yeux et les lèvres
De se boucher les tympans
S’ils ne veulent pas voir, ou entendre, quelque chose de choquant ?
Les images parues dans « Charly Hebdo », le journal
Se moquant de Mahomet ? Qui peut trouver cela normal ? »

Peut-on dire cela à des adolescents ?
Eux qui ont, c’est l’âge, la haine à fleur de sang ?
L’Ecole de la République c’est le seul lieu
D’apprentissage des connaissances, et au mieux
Celui de la réflexion ? Elle permettra
A chacun de penser, pour dire, s’il croira 2
Ou pas, un jour, en un quelconque Être suprême. 3
De dire, s’il le veut, ce qu’il pense … lui-même !
Il a bien le temps de comprendre le fouillis
Le désordre fou et les embrouillaminis
Du monde des grands  si plein de contradictions !
Comment pourrait-il s’y retrouver ? oh ! non ! non !
L’Etat veut lui apprendre la « laïcité » ?
Lui qui vole des milliards, toutes les années
Pour les distribuer aux écoles catholiques ?
Est-ce cela « les valeurs de la République » ?

C’est à y perdre son latin !

Des pages et des pages pourraient être écrites.
D’ailleurs, ne le sont-elles pas déjà, écrites ?
Elles sont riches et de récits regorgent :
Des écrivains, politiques de toutes sortes,
Journalistes, reporters, parlent ! Ils se piquent
D’être des spécialistes de la République !
Et les « si » admirables valeurs qu’ils défendent
Tous les matins, au déjeuner, ils les pourfendent
Des heures plus tard, avec leurs amis, parlant.
Tiens ! Une dame passe avec un musulman
Et très élégant foulard discret, sur la tête.
Ils ne supportent pas, ils braillent et tempêtent.
« je te le dis : de la graine de djihadistes !
Pardi ! ce sont tous des graines de terroristes ! »
Mais…l’or des Princes-arabes, rois du pétrole ?
Mais… les clubs de foot bien payés par ces guignols ?
Ces musulmans -là, tout enrubannés d’or noir
Sont bel et bien reçus, flattés par le Pouvoir !
L’air est délétère et des odeurs trop malsaines
Polluent notre atmosphère, distillent la haine.
La chasse aux musulmans est un « jeu » à la mode
Comme il y a peu, celle contre les juifs. L’exode…
La mort, l’horreur des camps, les bateaux qui chavirent
Sont-ce des jeux pour les enfants qui aiment rire ?

Je divague ! Ma tête fourmille :
Des noms, des prénoms, des visages, des émotions me titillent …
Tant et tant !
II y en eut tant, dans le 93, à Sevran ! 4
J’en ai, dans ma tête, dans ma mémoire usée,
Une kyrielle que j’aime et que j’ai appréciée.

« Fatima, ma 1ère en dictée, morte heurtée, un soir, par un RER !
Rachid qui, chez moi, mangeait du porc en me disant : « hum ! il est bon ton poulet ! »
Zuina, maman fidèle du comité de suivi des 28 écoles publiques de Sevran
Houria depuis tant d’années AESH appréciée de tous…
Tous d’anciens élèves du collège Galois, si tant aimés !
Ahmed et Moucine, directeurs défendant avec ardeur, dans les cités ouvrières, l’Ecole Publique !
Saliha, la cuisinière d’une de ces écoles, qui m’attendait avec une tasse de café.
Ils défendirent Louisa, notre camarade députée algérienne, emprisonnée !
Amer, mon pote Amer, journaliste et poète qui dût choisir l’exil, pour rester en vie !
Et la douce, tendre et belle Farida, sa compagne, agent d’accueil de la ville de Sevran.
Lila, mon amie, agent d’accueil en collège et responsable syndicale-93 de talent !
Saïd, vaillant parent élu d’une école qui, en délégation chez le Préfet,
Avec le comité de suivi des écoles, défendit l’École publique, celle de tous les enfants.
Et Fatiha, maman d’un enfant handicapé. Elle le portait tous les jours sur son dos pour qu’il aille
A l’école. Son petit est mort. Jusqu’au bout elle s’est battue. Elle connaissait l’issue fatale. Aimante.
Et nos charmants voisins, et leurs enfants, les bras chargés de couscous, au moment du ramadan.
Et tant d’autres ! Qu’ils me pardonnent si je n’ai pu, tous, les nommer »

Où trouverais-je, ailleurs que dans ces populaires
Cités, les « valeurs de la République » ? Amère !
Je suis amère ! et je redoute, chaque jour
Les horreurs qui couvent et annoncent pour
Demain, et après-demain, des horreurs sans fin.
Et pourtant, même dans la pauvreté et la misère, dans le parfum
De ces plus de 100 populations d’origines diverses qui vivent dans les cités,
Il est là, et nulle part ailleurs, l’avenir de l’«Humanité » !
Il n’est pas dans la chasse aux musulmans
Ni dans la critique de leurs vêtements !
Il n’est pas dans la chasse à leurs Nanas
Vêtues ou non de l’abaya !
Pas non plus, dans la chasse aux enfants « jouant » dans une cour de récréation,
A Nice ou ailleurs et utilisant toutes les histoires qu’ils connaissent : La création
Du Monde, le Père Noël, Marie, Allah, Boudha, Jupiter
Et les flammes de l’enfer !
Ce ne sont que des enfants !

Zizou Landron, le Moulin Neuf, le 20 Juin 2023