Questions à Denise et Michel Landron,
Secrétaire et vice-Président de l’Union des DDEN du Maine et Loire.
DDEN, vous avez été exclus arbitrairement de la Fédération Nationale des DDEN par son Président Eddy Khaldi. Où en êtes-vous ?
D’abord, les DDEN, que nous sommes, avons nos missions à remplir dans les écoles où nous avons été affectés. Ces missions officielles, définies dans plusieurs articles du Code de l’Éducation, consistent à veiller à ce que les bonnes conditions requises de la vie scolaire dans les écoles publiques soient respectées par tout le monde. Nous n’intervenons pas sur les questions pédagogiques du ressort des IEN et du DASEN. En revanche, il nous revient de signaler aux autorités concernées (IEN, DASEN, Maires et préfets) tout ce qu’il convient de faire pour que les conditions exigibles dans l’Ecole de la République soient respectées. Nos partenaires privilégiés sont évidemment les personnels de l’École, en premier lieu le Directeur-trice, et les parents d’élèves dont des représentants siègent au Conseil d’École. Nous veillons, par exemple, que toutes les demandes des écoles en matière de locaux, équipements, hygiène et sécurité, transports et restaurations scolaires… soient inscrites dans les comptes-rendus des Conseils d’École et prises en compte par les autorités concernées.
C’est ainsi que nous avons été sollicités pour permettre des échanges constructifs avec les autorités municipales et académiques pour le renoncement à une volonté de fusionner les 2 écoles publiques annoncée par la presse et sur la nécessité de procéder sans délai à la réhabilitation d’une des 2 écoles (fenêtres cassées, moisissures sous les linos, infiltrations…). Une réunion des parents et des enseignants des deux écoles, avec énormément de monde s’est tenue et les demandes ont obtenu un avis favorable du Conseil Municipal.
DDEN nous sommes des « médiateurs », mais aussi « des lanceurs d’alertes », pas pour contester, mais pour obtenir ce qui est indispensable dans une école publique. Par exemple, il a fallu intervenir pour le respect des normes « sécurité-incendie » et aussi pour qu’une enfant handicapée intégrée dans une classe maternelle dispose d’une chaise à roulette pour se déplacer et d’un lit adapté pour la sieste. Quand les DDEN accomplissent leurs missions, c’est toujours très bien apprécié par les parents et les personnels même si, parfois, des élus favorables à l’école privée soient moins enthousiastes…
Ils peuvent parfois être accusés d’être des « fauteurs de troubles » alors qu’ils ne font qu’accomplir leurs missions de défense de l’École de la République. C’est d’ailleurs pour cela que les DDEN ont historiquement constitué des Unions Départementales sur la base de la loi de 1901 sur les Associations. Cela renforce leur indépendance à l’égard des pouvoirs publics et leur permet d’agir au sein du mouvement laïque sur les questions qui concernent l’avenir de l’Éducation Nationale quand elle est affaiblie ou même menacée de démantèlement.
Toutes les Unions Départementales, affiliées ou non à la Fédération nationale des DDEN, sont concernées par l’orientation des pouvoirs publics d’aller vers « l’école territoriale » qui, avec « l’autonomie des établissements scolaires » éclaterait l’École de la République en mille morceaux.
L’Union Départementale du Maine et Loire a lancé, dès le mois de février, un appel national à ce sujet pour le regroupement des associations et organisations laïques face à « la territorialisation de l’Ecole publique ». Quel écho avez-vous rencontré ?
Au plan départemental, notre Union a rencontré presque toutes les organisations qui affirment leur attachement à l’École laïque. Ce n’était pas évident, car la plupart étaient très engagées dans la mobilisation pour le retrait de la réforme des retraites. Mais, les échanges ont été positifs. Les associations laïques et les syndicats ont très sérieusement échangés pour mesurer ensemble l’importance de l’entreprise de démantèlement de l’Éducation Nationale engagée à travers la dénationalisation de l’enseignement public pour l’aligner sur le modèle des établissements privés sous contrat. Il nous reste à rencontrer le « Comité Vigilance Laïcité » constitué dans le 49 depuis plusieurs décennies, et l’Association des Maires Ruraux. Nous essayons de réunir les conditions d’une assemblée commune sur cette question où se joue l’avenir de l’École publique.
Au plan national, notre Union participe aux échanges organisés (une fois par mois en visio conférence) par le CLRUA (Comité de Liaison….) comprenant des Unions et des DDEN affiliés ou non à la Fédération nationale.
La prochaine réunion, outre le point sur les conditions de la rentrée scolaire, aura à l’ordre du jour l’élargissement du CLRUA à d’autre Département, la création d’un site accessible à tous, qui pourra rendre compte des interventions des DDEN dans l’accomplissement de leurs missions officielles et aussi du caractère nécessairement national de la défense de l’Institution scolaire républicaine menacée.
Notre Union est évidemment affectée par l’exclusion de la Fédération prononcée contre elle et l’Union des Bouches-du-Rhône. Ce n’est certainement pas en bridant la libre discussion, voir en l’interdisant que la Fédération nationale regonflera les effectifs de DDEN qui baissent chaque année. Pour nous, l’essentiel est dans la souveraineté des Unions Départementales qui, toutes, seront sollicitées pour se mobiliser contre la territorialisation de l’École. Pour l’instant, Eddy Khaldi n’en parle pas. Il parle bien de remettre en cause les fonds publics aux écoles privées confessionnelles, mais pour le moment, il fait soigneusement silence sur le démantèlement de l’Éducation Nationale. N’est-il pas pourtant un inestimable cadeau à l’enseignement privé ?
On verra s’il pourra maintenir encore longtemps ses orientations destructrices de la Fédération nationale.
En tout cas, les Unions départementales souveraines et les DDEN sauront trouver les voies et les moyens de participer à l’action publique et unitaire indispensable pour sauver l’École de la République. N’est-ce pas leur mission et aussi un devoir pour les DDEN ?
Pour tout contact et correspondance :
Dany Rosier, Président de l’Union des DDEN de Maine et Loire,
3 rue des bords de Loire, Chênehutte, 49350 Gennes Val de Loire – 06 83 34 00 87 – dany.rosier@worldonline.fr
Denise Bureau-Landron, Secrétaire : 06 30 72 81 44 – deniselandron@orange.fr