«  L’ÉCOLE DU FUTUR  »  : l’expérience de Marseille.

Le Président de la République a lancé «  l’école du futur  » en septembre 2021 quand il a présenté un plan d’urgence «  Marseille en grand  ». Il faut dire que la dégradation des écoles publiques dans les quartiers populaires était devenue un scandale et une honte pour les autorités publiques qui ont abandonné ces quartiers et les personnes qui y vivent, en particulier les enfants.

En quoi consiste cette «  école du futur  »  ? M. Macron précise  : «  Donner plus de liberté pédagogique aux enseignants  ».

Mais encore  ?  «  L’école de la République a le droit d’inventer, d’avoir de la souplesse, d’être plus libre  ».

Mais encore  ? «  L’école du futur permet aux établissements de monter un projet innovant autour de la culture, des langues, de l’environnement ou des sciences en donnant aux directeurs d’école la possibilité de participer au recrutement de leur équipe pédagogique.  »

Dans les 50 écoles laboratoires, les projets, les rythmes scolaires, les horaires scolaires, la durée des cours, les façons d’enseigner seront à définir avec les élus et les associations de droit privé… N’est-ce pas l’école «  autonome  » qui a son «  caractère propre  » où le Directeur recrute ceux qui le partagent avec lui et ceux qui apporteront des fonds à l’école  et leur grain de sel ?

Le Président a précisé qu’il voulait faire des écoles marseillaises «  un laboratoire de liberté et de moyens  ».

Les élèves seraient-ils devenus des «  cobayes  » pour «  des expériences  » d’une école qui ne respecterait plus les programmes scolaires nationaux par année,  jamais cités par les autorités engagées dans «  la territorialisation  » de l’Ecole ?

Plus de 100 écoles marseillaises n’ont pas souhaité rentrer dans ce dispositif et tous les syndicats soulignent que c’est tout le statut des enseignants, basé sur des critères communs à tous en matière de recrutement et de déroulement de carrière,  qui serait bouleversé ! Faudra-t-il demain parler de recrutement et de  rémunérations «  à la tête du client  »  ?

Et puis sur quels critères les Inspections vont-elles sélectionner les écoles  ? l’AFP informe que le document envoyé aux écoles s’intitule  : «  Appel à projets innovants Plan Marseille 50 écoles  »  ! Sur quels critères des écoles seront retenues et pas les autres  ?

Selon Le Point, la Députée de Marseille, Mme Cathy Racon-Bouzon, le concède  :  «  Il s’agit vraiment d’une expérimentation «  à la carte  » avec autant de « projets que d’écoles  » et des postes «  à profils  » ». Un débat qui dépasse largement Marseille surtout après l’adoption de la loi Rilhac changeant le statut des directeurs d’école.

Ce n’est plus une «  innovation  » qui laisserait «  une plus grande liberté pédagogique aux enseignants  » mais bien «  une expérimentation  » qui déroge aux réglementations nationales en vigueur dans le Code de l’Éducation (Art. L. 314-2 du Code de l’Éducation) dans le but de la généraliser à toutes les écoles du pays  !

Actuellement 75 écoles ont été retenues et perçoivent des moyens financiers de l’ordre de 3 millions d’Euros au total. Chacun comprendra que ces fonds sont les bienvenus pour améliorer les conditions d’enseignement dans les écoles publiques. Mais en quoi toutes les écoles publiques ne les mériteraient pas  ?

Le «  Fonds d’innovation pédagogique  » présentés par le Président de la République en août, doté de 500 millions, est-il donc réservé aux écoles obéissantes aux vœux des autorités politiques engagées dans un processus de démantèlement de l’Éducation Nationale  ?

L’État a, par ailleurs, promis 400 millions d’Euros pour la rénovation des écoles de la cité phocéenne. N’est-ce pas un véritable appel pour que l’État débloque les fonds publics pour rénover les Écoles publiques de toutes les Cités populaires  que l’État a abandonné ?

Faudrait-il, pour être entendu, que les Maires fassent tous une grève de la faim devant l’Assemblée nationale comme l’avait fait Stéphane Gatignon, le Maire de Sevran en Seine-Saint-Denis, en novembre 2012, pour que soit réhabilitée partout l’École de la République, l’espoir de notre jeunesse  ?