Les missions des DDEN  sont-elles compatibles avec l’autonomie  des établissements scolaires

Le “Délégué laïque” ne pouvait que participer à la discussion très riche qui s’est engagée entre la plupart des organisations et associations composantes du mouvement laïque pour trouver ensemble les voies et les moyens de son rassemblement face à l’entreprise de démantèlement de l’Éducation Nationale.

Rappelons donc les doubles fonctions des DDEN :

– Les fonctions administratives, consignées dans des articles du Code de l’Éducation, font des DDEN des membres de droit des Conseils d’Écoles où ils sont affectés et des interlocuteurs de l’IEN de leur circonscription, du Maire de la Commune et du DASEN. Lanceurs d’alerte et médiateurs sur les conditions de la vie scolaire, hygiène et sécurité, bâti scolaire, conditions d’enseignement, restauration et transport scolaires, droits des enfants handicapés… leur indépendance est fondée sur ces missions.

– Les fonctions associatives, loi de1901, leur permettent de se regrouper dans des Unions Départementales indépendantes et d’unir librement leurs efforts pour défendre, en toutes circonstances, l’École Laïque, la seule École de la République.

La législation nationale basée sur les mêmes règles pour toutes les écoles publiques du pays a amené à constituer une Fédération nationale des Unions départementales avec statuts, règlement intérieur, Congrès national… Cette Fédération a été historiquement lié au Syndicat National des Instituteurs, fondateur de la FCPE et du Comité National d’Action Laïque (le CNAL) avec la FEN et la Ligue de l’Enseignement.

Ce rassemblement des principales Associations laïques a permis la fantastique mobilisation incarnée par la collecte de la signature de la majorité des citoyens du pays exigeant l’abrogation de la loi Debré du 31 décembre 1959 imposant le financement des écoles privées, en très grande majorité catholiques, par les fonds publics. (Voir l’article comprenant le Serment de Vincennes).

Après la débandade d’un projet de loi Savary (1983-84) qui fut finalement retirée, le SNI et la FEN éclateront ce qui fera perdre au CNAL beaucoup de sa représentativité et son autorité.

Derrière l’objectif affiché de passer de « l’Éducation Nationale » à « l’école territoriale » ne se cache même plus une volonté de l’État de se débarrasser de la charge d’un enseignement public, gratuit et laïque, fondé sur des programmes scolaires, des examens et diplômes nationaux avec des personnels fonctionnaires d’État et toutes les garanties qui s’y rattachent. Des établissements scolaires « autonomes » ayant chacun leur « projet éducatif propre » avec recrutement local des personnels et la transformation du Directeur en employeur choisissant ses collaborateurs (loi Rilhac) n’irait-on pas vers le modèle des établissements privés ?

Si tel était le cas, les DDEN perdraient leur indépendance garantie par une législation nationale dans tous les domaines de la vie scolaire.

Ils deviendraient « les partenaires » voire « des collaborateurs », d’une « autorité territoriale » disposant du pouvoir d’arranger à sa sauce les établissements scolaires autonomes de sa juridiction. C’est la voie que Mme Pécresse préconise pour l’Ile-de-France et qu’ouvre la loi Rilhac pour les écoles primaires…

Quand les autorités gouvernementales choisissent comme ministre des Défenseurs acharnés des écoles privées qu’ils arrosent de fonds publics pour les enfants des classes sociales privilégiées, ne doit-on pas tout faire pour rassembler, dans une même résistance unitaire, tous les laïques ?

Les DDEN peuvent-ils rester en dehors de cette union nécessaire ? Poser la question c’est y répondre.

Respectés dans nos écoles pour notre engagement au côté des personnels et des parents d’élèves en défense de l’École publique nous saurons occuper notre place dans cette perspective unitaire dont dépend l’avenir de l’École de la République menacée d’un démantèlement qui sacrifie l’avenir de la jeunesse sur l’hôtel d’un démantèlement vers une tentative de privatisation du plus important des services publics de notre pays.

Denise et Michel Landron
DDEN en Seine-Saint-Denis de 2003 à 2020
DDEN en Maine-et-Loire depuis 2021