LA LOI DE 2019 «  POUR UNE ECOLE DE LA CONFIANCE  »…

… qui n’a pas vraiment inspiré confiance.

Promulguée le 26 juillet 2019, alors que le Conseil constitutionnel l’avait déclarée « partiellement conforme à la Constitution », elle fait l’objet de nombreuses critiques et contestations.

Elle abaisse l’âge de l’Instruction obligatoire de 6 à 3 ans et l’obligation de formation de 16 à 18 ans.

Conséquences  ? Aucune pour l’école publique qui scolarise déjà 98% des enfants de 3 ans. En revanche, les Communes devant verser les dépenses de fonctionnement des écoles privées sous contrat avec l’Etat, cela représente une manne importante (on parle d’environ 150 millions) pour les écoles privées (pour l’essentiel catholiques). Les diocèses s’empressent donc d’ouvrir des classes et écoles maternelles en nombre très faible jusqu’à présent puisque non rémunérées par l’Etat (pour les salaires des enseignants de maternelle) et les Communes (dépenses de fonctionnement pour les écoles privées calculées uniquement sur le coût moyen d’un élève de l’Ecole publique mais dans le cadre de l’obligation scolaire).

La loi affirme que l’enseignement primaire doit assurer des savoirs fondamentaux à tous les élèves  :

lire, écrire, compter… Mais, de nouvelles « activités », étant ajoutées aux emplois du temps des classes élémentaires, il faudra donc faire mieux… avec moins de temps  !

La loi permet aux écoles publiques ou privées de mener des « expérimentations pédagogiques »

portant sur l’organisation de la classe ou de l’école, l’utilisation des outils numériques et la répartition des heures d’enseignement sur l’année scolaire. Il ne s’agit pas ici de la « liberté pédagogique » des enseignants qui s’exercent dans le cadre des programmes scolaires nationaux par année et matières d’enseignement. Il s’agit d’allouer des crédits en fonction de la nature du  « projet d’établissement » s’il plait ou non aux partenaires du «projet éducatif territorial »  ! On financerait ainsi la différenciation entre les écoles mises en concurrence pour obtenir des moyens.

«Le Conseil national d’évaluation du système scolaire » est remplacé par « un Conseil d’évaluation de l’École »

qui la met en place dans la logique du renforcement de l’autonomie de chaque établissement sur la base de son « projet éducatif ». L’évaluation ouvre la voie à la concurrence des écoles entre elles.

La création d’Etablissements Publics Locaux d’Enseignement International (EPLEI)

sélectionnant leurs élèves sur « leurs compétences linguistiques » contribuant ainsi à atomiser l’Éducation Nationale sur des critères culturels et sociaux.

La loi inclut « la connaissance des valeurs de la République » dans la formation des enseignants pour l’aborder dans leur classe avec les élèves…

Quand on connaît les multiples définitions et interprétations contradictoires de ces « valeurs », aussi nombreuses qu’il y a de formations politiques et de religions, ne convient-il pas d’être très circonspect sur ce sujet délicat si on ne veut pas transformer les classes et les écoles en champ de batailles idéologiques  ?

La loi « pour l’école de la confiance » ne tient aucun compte des difficultés réelles de l’enseignement public

comme les 4000 postes d’enseignants non pourvus à l’issue des différents concours de recrutement. Le recrutement de  « contractuels » après un entretien de 30 minutes est ainsi non seulement autorisé mais appelé à se généraliser.  Les concours nationaux sont contournés et menacés.

La loi prétend également améliorer la situation inacceptable des AESH dan s le cadre de « l’école inclusive » en leur proposant un CDD de 3 ans renouvelable une fois au lieu de la demande unanime des personnels et des syndicats d’un statut de fonctionnaire catégorie B. Elle maintient les PIAL contestés par les AESH et les personnels des écoles.

Cette loi Blanquer n’a pas donné confiance dans l’École de la République. Bien au contraire puisqu’elle ouvre des portes permettant d’aller vers une plus grande autonomie des établissements.

Mais des écoles autonomes, toutes différentes et à plusieurs vitesses impliquent le recrutement local de personnels en accord avec « le projet territorial ».

Les enseignants étant fonctionnaires d’État n’ont pas eux à obéir aux appétits d’élus politiques, de groupes de pression et d’intérêts privés qui voudraient bien mettre la main sur l’école à leurs profits ou pour dicter aux enseignants ce qu’ils doivent enseigner et comment.

Atomiser l’École de la République implique donc obligatoirement de remettre en cause le statut de fonctionnaires d’État des personnels de l’enseignement public. Les grands services publics que furent la SNCF et la Poste sont passés par là pour basculer dans la privatisation  ! Monter la garde à la porte de l’École de la République contre sa privatisation ne passe-t-il pas désormais aussi par la défense du statut de la Fonction publique  et toutes les garanties d’égalité des droits et de laïcité qu’il permet  ?