DOSSIER DL n°5 : Ce n’était pas un coup de tonnerre dans un ciel serein

C’est le cri d’indignation ultime d’une directrice d’école expérimentée, consciencieuse, épuisée par la pression quotidienne de tâches ardues et répétitives, qui tuent son métier d’enseignante chargée d’une direction d’école.

C’est un cri d’alarme lancé à tous ses collègues et aux parents d’élèves, mais aussi un poignant avertissement aux autorités de l’Education nationale et des gouvernements successifs qui, depuis des années, s’évertuent à pourrir la situation des écoles publiques… sans négliger de verser 12 milliards par an aux écoles privées à 90% catholiques.

« Qui sème le vent récolte la tempête » qui couve dans le pays face à un pouvoir qui n’écoute que lui-même et les milieux d’affaires, dont il défend les intérêts avec un remarquable acharnement et une hypocrisie qui bat tous les records de la 5ème République.

La rentrée scolaire de septembre 2019 sera marquée à jamais comme celle du suicide d’une directrice d’école sur son lieu de travail, dont la conscience est telle qu’elle prend la peine d’expliquer son geste ultime à tous ses collègues dans une lettre où elle décrit la vérité des conditions de travail insupportables que lui imposent les autorités.

Sa lucidité est totale. Elle écrit, à la main en haut de sa lettre, à un collègue délégué syndical : « Je vous fais confiance pour empêcher l’administration de salir ma mémoire ». Des milliers et des milliers d’enseignants, en Seine-Saint-Denis, mais aussi partout ailleurs, ont montré à tous en quelques jours que le geste de leur collègue ne serait ni sali ni vain. Cela en effet ne peut plus durer et il va falloir désormais que les autorités soient saisies des conséquences désastreuses d’une politique de démantèlement de l’Éducation nationale, qui pèse sur le dos des enseignants et tout particulièrement de leurs collègues chargés d’une direction.

Aujourd’hui, le vent de la révolte se lève pour dire avec la Directrice d’école de Pantin : cela suffit. Toutes nos demandes pour rétablir des conditions correctes de la vie scolaire seront répertoriées et les autorités saisies. Elles doivent être satisfaites, partout et maintenant. L’École publique, ses élèves et ses personnels le méritent.

Quant aux DDEN, ils ont choisi cette fonction précisément parce qu’elle leur impose de signaler ce qui ne va pas dans l’École de la République, de le dire, de l’écrire et de le rendre public auprès des autorités qui préfèreraient sans doute la loi du silence et leur complicité que leur indépendance.

De ce point de vue, le silence assourdissant du Président Khaldi résonne comme une honte pour notre Fédération qu’il plonge dans le déshonneur.

Vous lirez la lettre adressée par les DDEN de Sevran unanime au Président de la Fédération de Seine-Saint-Denis qui, soutenu par le Président Khaldi (1), revendique leur radiation auprès des autorités de l’Education Nationale, mais absolument rien pour les conditions désastreuses de la vie scolaire qui s’installent dans nos écoles.

Michel Bureau

  1. A une question sur la demande de radiation des DDEN de Sevran, Eddy Khaldi a répondu « qu’ils seraient manipulés et/ou membres de la Libre Pensée, donc politiquement engagés ». Précisons que le dossier complet de cette affaire lui a été envoyé en Lettre RAR, sans réponse de sa part.