A l’initiative du « Collectif Vigilance Laïcité » avec le soutien et la participation de la plupart des organisations et associations laïques du département (liste ci-jointe), une Assemblée-débat s’est tenue salle Pelloutier (Bourse du travail) en présence de plus de 80 laïques (dont 76 donneront leurs noms et coordonnées pour être informés des suites de cette initiative unitaire en défense de l’Ecole publique et laïque).
Marina Giet, coordinatrice cette année du « Collectif Vigilance Laïcité », administratrice de la FCPE.et membre du « Collectif pour la promotion de l’Ecole Publique dans les Mauges », clouée au lit par une méchante grippe, n’a pu assurer la Présidence de l’Assemblée comme prévu.
Jack Proult (ex-Président de la FOL 49) a accepté de la remplacer, Christophe Hélou (Secrétaire général de la FSU 49) assurant l’animation dans la salle avec le micro pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de prendre la parole. Michel Landron (DDEN), Alain Paquereau (FOL), Mmes Frédérique Didelot et Joelle Portier (LDH) composaient la tribune. La présentation de cette initiative départementale a été confiée à Michel Landron, vice-Président de l’Union des DDEN 49, membre du Collectif Vigilance Laïcité.
24 interventions dans le débat qui apporteront leurs contributions à cette recherche du rassemblement des laïques en défense de l’École publique. Ce compte-rendu est un résumé de la discussion sur la base des notes prises pendant l’Assemblée. Les Associations l’utiliseront comme elles l’entendent.
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Michel Landron a rappelé que la décision d’organiser cette Assemblée-Débat commune aux organisations laïques du département venait d’une appréciation commune d’une situation où se joue l’avenir de l’École laïque, la seule école de la République. Les déclarations consternantes de la Ministre de l’Éducation nationale en faveur des écoles privées confessionnelles n’ont pas seulement profondément choqué les amis de l’École laïque, elles sont intervenues au moment où plusieurs rapports officiels, projets de loi et mesures secouent toute l’Éducation Nationale de la maternelle à l’Université.
Il cite en particulier un Rapport de la Cour des comptes, le projet de loi Brisson adopté au Sénat, la délibération initiée par Mme Pécresse revendiquant la prise en charge, par la Région Ile-de-France, de tous les établissements scolaires de la maternelle au baccalauréat, l’assèchement de l’Enseignement public à tous les niveaux, la marche à « territorialisation de l’Ecole » par « l’autonomie des établissements scolaires »…
La logique de cette orientation n’est-elle pas le démantèlement de l’Eduction Nationale ? Un puzzle de mesures ne se met-il pas en place dans ce sens ?
Il cite la loi Rilhac transformant le directeur d’école en « patron » chargé de recruter localement les personnels sur la base d’un accord avec « un projet éducatif spécifique territorial », « le choc des savoirs » désarticulant complétement les collèges, le PAS (Pôle d’appui à la scolarité rejeté par le Conseil d’Etat) sacrifiant les droits des enfants handicapés et leur famille à disposer des moyens adaptés à la nature et au degré de leur handicap, la formation professionnelle publique délivrant des diplômes et qualifications reconnus sur l’ensemble du territoire nationale démantelée au profit d’un nouvel « apprentissage » pour assurer aux chefs d’entreprise une main d’œuvre sans les garanties du Code du Travail et des qualifications reconnues nationalement dans les conventions collectives et la législation du travail…
Le « Collectif Vigilance Laïcité » a discuté de ces questions d’une brûlante actualité où se joue l’avenir proche de l’Ecole de la République.
Nous avons constaté ensemble que nos établissements scolaires publics soumis aux restrictions budgétaires, au manque de personnels qualifiés et au délabrement de leurs locaux, ont plus que jamais besoin des 12 milliards de fonds publics détournés au profit des écoles privées à 90% confessionnelles.
Quelle meilleure façon de favoriser les écoles privées que d’entreprendre le démantèlement de l’Education Nationale ?
Quant à « la mixité sociale », garantie par la seule École laïque, se prépare-t-on au niveau de l’Etat à financer les familles pauvres pour permettre l’inscription de leurs enfants… dans les écoles privées ?
Dans cette situation, il nous est apparu urgent et indispensable que les forces laïques se rassemblent pour faire face à une offensive réactionnaire qui nous mets tous au pied du mur.
Ce qui se passe dans la Seine-Saint-Denis en ce moment même nous apparaît significatif d’un état d’esprit qui s’amplifie de plus en plus : on ne peut pas laisser faire cela !
Que pouvons-nous entreprendre ?
Un Appel national à l’initiative de la FSU, discuté et signé par la plupart des organisations laïques soulève un très grand espoir de voir enfin les forces laïques mettre de côté ce qui les divisent pour aller vers leur rassemblement.
Notre Assemblée débat ne peut-elle pas proposer à tous que dans l’union des forces laïques soient organisés dans les Départements et à l’échelle nationale, des ETATS GENERAUX DE DEFENSE DE L’ÉCOLE LAÏQUE et pour que tous les efforts budgétaires de la Nation en matière scolaire soient réservés à l’école laïque, la seule école de la République ?
Les forces laïques ne peuvent-elles pas réaliser dans un maximum d’établissements scolaires des « Cahiers de doléances » formulant dans l’unité la plus large les besoins imprescriptibles de nos établissements scolaires afin qu’ils puissent accomplir leurs missions de formation des jeunes générations quels que soient le lieu d’habitation des familles, leurs opinions politiques, leurs situations et origines sociales, ethniques ou religieuses ?
N’y a-t-il pas urgence de travailler ensemble à ce rassemblement ?
DANS LA DISCUSSION…
- Avec la territorialisation de l’Education, qui ne serait plus nationale, il y a une apparente contradiction dans les décisions de l’Etat. D’un côté, il décide de tout autoritairement (choc des savoirs, choix des manuels, port de l’uniforme, diminution des budgets, contractualisation des recrutements…) et de l’autre, il transfère la responsabilité d’en gérer les conséquences aux établissements, collectivités territoriales et autres groupes. N’est-ce pas, en réalité, plus d’autonomie pour moins de droits et plus d’inégalités ?
- Ce qui est en cause ce sont les Droits de l’Enfant à l’Éducation qui est un droit fondamental rappeler dans la Déclaration des Droits de l’Homme et celle sur les droits de l’enfant.
- L’École est, en France, un service public gratuit, laïque et obligatoire. L’État s’engage dans le détricotage des services publics. Les enfants seraient abandonnés pour être livrés à la surexploitation.
- On nous propose un paradoxe : chacun ferait dans son école de territoire, mais alors que devient l’égalité des droits ? Des parents se tournent vers le privé, souvent par ignorance ou par appartenance sociale. Comment s’adresser à eux ?
- La liberté de choix des parents vers une école privée n’implique nullement le financement par les fonds publics de ce choix privé. La sectorisation crée un marché scolaire et mène au classement des établissements comme les évaluations mises en place l’organisent.
- On pourrait citer le lycée Lassalle à Angers.
- A Cholet, c’est l’Église catholique qui dirige presque tout dont les écoles. Défendre l’école publique la même pour tous, est difficile dans les Mauges mais possible si on parvient à rassembler tous les établissements publics (écoles, collèges, lycées) pour une défense collective de l’Ecole de la République. La proposition d’États Généraux peut répondre à ce besoin par la mobilisation des laïques.
• « École publique fonds publics, écoles privées fonds privés » toujours d’actualité. Quand on voit l’état de certaines écoles publiques dégradées et que les écoles privées perçoivent des fonds publics avec exonérations d’impôts, on se dit qu’il est temps de rétablir les droits à une École publique ne manquant de rien.
• Le problème ce n’est pas la liberté de l’enseignement, c’est le financement des écoles privées par l’Etat et les collectivités locales que la loi Debré oblige à ponctionner dans leurs budgets pour financer « le caractère propre des établissements privés » ! En voulant généraliser « le caractère propre » à chaque établissement scolaire, l’Etat aligne le public sur le privé en les mettant sur le même plan !
- M. Macron et ses amis, qui ont pour la plupart fréquenté les écoles privées confessionnelles, veulent faire crever l’École publique. Des Etats Généraux permettraient une riposte sérieuse.
- Dans mon ancienne Commune de Sevran dans le 93, on avait constitué un « Comité de suivi des écoles » regroupant les représentants de 27 écoles sur 28 avec les délégués des enseignants, des parents et tous les syndicats. On a rédigé les « cahiers de doléances» de chaque école. On a été reçu par tout le monde y compris le Préfet. La Municipalité a soutenu… On a obtenu les réhabilitations qui s’imposaient. C’était des États Généraux locaux de défense de l’École publique…
- Les autorités reviennent à la charge par différents bouts : l’intégration d’enfants handicapés sans les moyens adaptés, des personnels non remplacés… on doit lister concrètement les problèmes rencontrés dans les écoles et faire la jonction avec les parents et les associations laïques pour réaliser l’union des forces défendant l’École publique, aller vers des assemblées communes.
- Plusieurs mouvements sont en cours et se succèdent notamment face au « bloc des savoirs » et le manque de moyens (- 700 millions cette année pour l’Éducation nationale). Nous sommes face à l’État et son Ministère de l’EN et il nous faut donc ouvrir une perspective politique pour trouver les moyens de rassembler tous les laïques contre le démantèlement engagé de l’Éducation Nationale privé de moyens au profit du privé. La proposition d’États Généraux va dans cette voie.
- De nombreux collèges sont en ébullition face au « bloc des savoirs » que le gouvernement veut imposer par un passage en force. Une opération « collèges morts » aura lieu jeudi prochain… Il y a un mouvement profond qui se cherche une perspective unitaire.
- L’École est en phase terminale, les collègues n’en peuvent plus, on est en état d’urgence…Qu’est-ce qu’on fait maintenant en sachant que les enseignants n’y arriveront pas tout seuls ?
- Officiellement l’État a octroyé, l’an dernier, 160 milliards de fonds publics aux chefs d’entreprises et plus de 12 milliards à l’enseignement privé qui font défaut à l’enseignement public ! C’est cela « la réconciliation entre le public et le privé » ? La loi Buisson d’éclatement de l’Éducation nationale en « établissements autonomes » n’est pas « une réconciliation » mais bien une privatisation. Il nous faut un projet cohérent de défense de l’Enseignement public, gratuit, laïque, le même pour tous sur l’ensemble du territoire avec les fonds publics à l’école publique pas au privé. Et ce projet pourrait être l’œuvre d’États Généraux rassemblant les délégations des amis de l’École laïque.
- On a des arguments qui nous rappellent le Serment de Vincennes de 1960 signé par toutes les associations laïques. Le contraire de reconnaître les fondations cléricales d’utilités publiques pour justifier leur financement par l’État et les collectivités locales. Même à gauche on entend que l’école privée serait un recours !
- Les batailles immédiates face aux agressions gouvernementales contre l’école publique sont légitimes et les résistances importantes. Elles sont une raison de plus d’ouvrir la perspective des États Généraux en défense de l’École publique.
- Il faudra réexpliquer le mot d’ordre de « Fonds publics à l’École publique, fonds privés à l’école privée ». 10 milliards pour la guerre, 700 millions de moins pour l’École c’est insupportable L’an dernier, contre la décision de fermetures de 73 classes dans nos écoles publiques et les Assemblées de secteur avec les parents avaient rassemblé tout le monde et obtenu des résultats. Ajoutons la préservation des écoles rurales dont la fermeture, comme à Brissac, est à l’ordre du jour au nom des Communautés de Communes…
- Je suis épuisée et quelque peu démoralisée. Je ne sais pas à quoi correspondent des États Généraux, mais quand on est tous ensemble alors les choses peuvent changer. On suivra cela et on y sera.
- L’opération « collège mort » du 4 avril, c’est la jonction avec les parents et c’est sans doute décisif. En même temps il nous faut une perspective nationale et les États généraux le permettraient.
- L’information est importante notamment dans les Conseils d’Ecole et d’établissement. Il faut aussi saisir les Maires qui craignent d’avoir à payer toujours plus pour l’école si l’Etat se désengage.
PROPOSITIONS
Une motion est proposée en conclusion de l’Assemblée-Débat en vue de la poursuite de l’initiative engagée par le « Collectif Vigilance Laïcité ». [Ci-dessous]. Cette motion recueille l’assentiment général de l’Assemblée et pourra être largement diffusée à tous les laïques et leurs organisations. Le Collectif est à la disposition de tous ceux qui souhaitent organiser des Assemblées unitaires dans les établissements scolaires et les circonscriptions.
MOTION
Une Assemblée-Débat s’est réunie le 27 mars 2024 à Angers à l’initiative du “Collectif Vigilance Laïcité du Maine et Loire” avec le soutien et la participation de la plupart des Associations et Organisations laïques du Département (1).
Après une discussion libre, respectueuse de toutes les composantes du mouvement laïque, l’Assemblée a estimé plus que jamais nécessaire et indispensable que, face au démantèlement programmé de l’Education Nationale et sa mise en œuvre accélérée ces derniers mois, il est urgent que toutes les composantes du mouvement laïque se rassemblent en défense de l’Ecole laïque, la seule école de la République.
Pour l’Assemblée, il s’agit de se donner les moyens de stopper le démantèlement engagé de l’institution scolaire républicaine et de contraindre les pouvoirs publics à accorder tous les moyens nécessaires aux établissements scolaires publics pour leur permettre d’accomplir leurs missions de formations des jeunes générations quelles que soient le lieu d’habitation des familles, leur situation sociale, leurs opinons politiques, leurs origines sociales, ethniques ou religieuses qui relèvent de la vie privée.
Les institutions de la République laïque n’ont pas à financer ni favoriser les écoles privées.
L’Assemblée propose que, dans l’Union des forces laïques, soient organisés dans les Départements et à l’échelle nationale, des Etats Généraux de défense de l’Ecole publique et laïque.
(1) Le Collectif-Vigilance-Laïcité : FOL 49 – FCPE 49 – Francas 49 – PEP49 – OCCE49 – LDH49– Union des DDEN 49 – Libre Pensée 49 – FSU 49 – SNUIPP49- SE-UNSA 49 – SUD éducation 49 – SDENCGT – SGEN-CFDT 49 – Collectif pour la promotion de l’Ecole Publique dans les Mauges – Union fédérée des DDEN – UNSA Education. La FNEC FP FO 49, non-membre du Collectif-Vigilance-Laïcité, soutient cette initiative.
Le Collectif–Vigilance–Laïcité, ouvert aux représentants de toutes les associations laïques qui le souhaitent, se tiendra le JEUDI 18 AVRIL à 18H au siège de la FCPE, 18 rue Kellermann à Angers
Il discutera des formes que pourra prendre la suite de la mobilisation unitaire vers des États Généraux dans le Maine–et–Loire et dans d’autres départements pour des États Généraux nationaux de défense de l’école laïque de la maternelle à l’Université.
POUR TOUT CONTACT : collectifvigilancelaïcité49@gmail.com