Le point de vue de François Jarraud dans « Le café pédagogique » d’avril 2023.
Citant le projet de loi, l’auteur souligne d’emblée que « les nouveaux établissements » que le projet propose à l’Assemblée Nationale « seraient gérés comme des établissements privés sous contrat ». « Chaque chef d’établissement pourra choisir ses enseignants et modifier son organisation pédagogique, c’est-à-dire aussi bien déroger à l’organisation des obligations de service des enseignants qu’à la répartition horaire des enseignements ».
« Elle créerait en France l’équivalent des académies britanniques qui disposent de fonds publics pour une gestion totalement libre du service éducatif ».
L’article précise que ce projet vise aussi à « la conformité idéologique des enseignants » : « les écoles supérieures du professorat organisent des formations de sensibilisation à l’enseignement des faits religieux, à la prévention de la radicalisation, à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la lutte contre les discriminations, à la manipulation de l’information, à la lutte contre la diffusion des contenus haineux… ».
Serait-ce, en effet, encore l’École laïque soucieuse de neutralité en matière politique et religieuse et respectueuse de la liberté de conscience des familles qui lui confient ses enfants ?
L’article rappelle d’ailleurs que le texte du projet de loi « interdit le port de signes religieux aux parents qui accompagnent les sorties » et « exige le port de l’uniforme pour tous les élèves » (sans préciser qui va les payer!).
Il s’interroge également sur les critiques portées à l’égard « du lourd bilan des années Blanquer» alors que la majorité du Sénat n’a cessé de les soutenir.
Il s’exprime enfin sur l’avenir de ce projet dont « la conformité avec la privatisation de l’Éducation entreprise par Emmanuel Macron dans une perspective libérale affirmée et réaffirmée tout au long de ces 6 années ». Ainsi. Il rappelle « les rapports de la Cour des Comptes qui demandent l’autonomie des établissements et la révision du statut des enseignants ».
Si on ne sait pas à quelle échéance ce projet trouvera une place dans l’agenda de l’Assemblée Nationale, ce sera un moment où l’avenir de l’École et celui des enseignants se jouera, conclut l’article.
Le journaliste, à qui nous devons de connaître ce rapport, conclut ainsi :
« Le modèle républicain de l’école française est à peine effleuré, la laïcité n’est cité qu’une fois pour rappeler que l’enseignant « incarne des valeurs« …
A l’école républicaine, fondée sur la connaissance et l’émancipation, le cabinet de conseil préfère une école-entreprise, tournée vers l’adaptation constante au monde du travail et focalisée sur le savoir-être plutôt que le savoir-faire. Idéal pour préparer les jeunes à « la flexibilité » du monde du travail et à une société atomisée.
Ferdinand Buisson voulait faire des républicains, Mc Kinsey rêve de faire des « startupers » ».