Le rapport McKinsey commandé par le Ministère de l’Education Nationale sur «  l’évolution du métier d’enseignant  »

Ce rapport du Cabinet de Conseil américain McKinsey, facturé 496  800 €uros, effectué en 2020, n’a été rendu public qu’en 2022. Épingle par la commission d’enquête du Sénat, il a fallu les interventions de David Libeau, développeur, et du journaliste Marc Rees pour qu’il soit mis en ligne.

Ce rapport de 204 pages fait la promotion pour « l’autonomie des établissements scolaires », les rémunérations au mérite et le fonctionnement décentralisé des établissements scolaires. Pour lui, les enseignants ne sont plus uniquement ceux qui transmettent des savoirs, mais doivent offrir « un accompagnement plus global sur des sujets comme le respect de la diversité, le développement durable, l’équité sociale ou l’égalité des sexes… ».

Le recours au numérique devient systématique. Le professeur accéderait à des outils technologiques pour préparer les cours, automatiser la notation, et les seconder dans l’analyse des résultats des élèves. Il préconise des logiciels clés en main (Gradescope ou Schoolrunner). L’enseignant devient gestionnaire analysant courbes, graphiques, pourcentages pour maximiser les résultats.

Tout le rapport est imprégné de la volonté de sensibiliser les élèves « aux opportunités de la société numérique » par exemple « en éveillant leur esprit d’entreprise ». L’Éducation nationale est appelée à « ouvrir ses portes aux entreprises et de baliser des parcours de mobilité… vers le privé ».

Pour les enseignants, le rapport appelle « à des parcours plus individualisés, flexibles et dynamiques » et « à la rémunération au mérite ». « S’ils sont jugés excellents, ils pourraient recevoir des chèques cadeau  ! »

Bien entendu le rapport propose des activités extrascolaires au sein ou hors de l’école (yoga, méditation…) ainsi que des « compétences socio comportementales » (sic  !).

Les professeurs de la maternelle à l’Université deviendraient des sortes de « manager [s] » aidant ses élèves à « brainstormer ». Ils seraient d’ailleurs eux-mêmes « managés » par leur chef d’établissement doté de pouvoirs étendus, notamment dans « l’allocation de ressources financières et humaines.»