« Les Associations, c’est comme les poissons, elles commencent toujours à pourrir par la tête » (d’après Erasme)

Le Délégué Laïque donne la parole à 2 DDEN exclus arbitrairement de la Fédération qui vient d’annoncer au DASEN qu’elle ne reconnaît plus leur Union Départementale !

« La Fédération des DDEN à la croisée des chemins » titrait un article précédent du Délégué Laïque. Le prochain Congrès national, convoqué les 18,19 et 20 novembre 2022 au Kremlin-Bicêtre dans le Val de Marne, aura en effet un changement fondamental des statuts de la Fédération à son ordre du jour. Les Unions Départementales, jusqu’à présent souveraines, devraient renoncer à leur souveraineté pour obéir aux décisions d’un Conseil fédéral sélectionné par le Président. Un tournant historique lourd d’un éclatement d’ores et déjà en cours avec l’exclusion de plusieurs Unions et une chasse aux sorcières dans la Fédération contre celles et ceux qui ont le malheur de ne pas suivre le Président dans sa marche autoritaire, pour ne pas dire dictatoriale.

Le Délégué laïque a demandé à Denise et Michel Landron, DDEN dans le Maine et Loire (après des années en Seine-Saint-Denis), de répondre à quelques questions que nous sommes tous en droit de poser.

Pouvez-vous nous préciser ce qui se passe dans la Fédération des DDEN ?

Les faits sont assez simples. Nous avons été exclus, sur demande de M. Khaldi, par l’équipe dirigeante de l’Union départementale de la Seine-Saint-Denis en toute violation des statuts et sans acte d’accusation écrit basé sur des faits. Le recours statutaire à l’AG de l’Union, nous a même été refusé et le Président de la Fédération, M. Khaldi, ne répondra pas au dossier par lettres recommandées que nous lui avons fait parvenir.

Dénoncés auprès du DASEN de Seine-Saint-Denis, ce dernier a reçu un par un les 7 DDEN de l’Union Locale des DDEN de Sevran. Il ne prendra aucune mesure disciplinaire à notre égard. Et pour cause, nous avions le soutien des parents et de leurs associations, des enseignants, en particulier des Directeurs d’école, des syndicats, du Maire et des Conseillers municipaux de tous les groupes qui nous recevaient dans le souci constructif de travailler en faveur des conditions de la vie scolaire dans les écoles de Sevran. Ce qui est au cœur de nos fonctions définies par les articles du Code de l’Education.

Seul l’IEN prendra ombrage de l’édition d’un document complet des situations des écoles de la ville (27 sur 28) basé sur les comptes-rendus écrits des Conseils d’École. Il aura d’ailleurs le mot malheureux en répondant au Préfet qui lui demandait s’il lisait ces comptes-rendus « qu’il avait d’autres choses à faire ».

En tout cas, nous pouvions tous être très fiers des réalisations effectuées dans les écoles de la ville.

Le DASEN 93 n’a donc pas répondu à la demande du Président de l’Union des DDEN de nous radier de nos fonctions de DDEN. M. Khaldi, le Président, n’a jamais eu la correction minimum de nous répondre et de nous entendre. Il s’est, en revanche, permis, dans notre dos, d’écrire au Président de l’Union Départementale du Maine-et-Loire pour qu’il refuse notre adhésion à l’Union 49 après notre déménagement en Anjou.

Il écrit également au DASEN de ne pas présenter notre candidature au CDEN. Un acharnement stupéfiant dans une Fédération qui perd chaque année des centaines d’adhérents.

Après avoir été entendus par les uns et les autres, notre candidature, présentée par l’Union départementale à l’unanimité, a été retenue et votée favorablement par le CDEN sur présentation du DASEN.

Tout rentrait dans l’ordre… apparemment.

Eddy Khaldi s’engage alors dans une chasse aux sorcières démente à notre égard, comme à l’égard de toutes les Unions départementales et DDEN qui s’opposent à lui. La crise est désormais ouverte et inévitable. Les sanctions pleuvent. 8 Unions Départementales se voient interdire d’exprimer ensemble leurs interrogations sur les violations réitérées de la souveraineté des Unions et de la liberté de discussions au sein de la Fédération.

L’Union du Maine-et-Loire est suspendue en mars 2022 par un courrier simple. Le motif ? L’’Union a non seulement intégré Denise et Michel Landron dans ses rangs (à l’unanimité) mais a fait pire encore, l’AG statutaire les a élus au Conseil d’Administration qui les as élus au Bureau de l’Union comme Secrétaire et comme 1er Vice-Président. La grossièreté de cette démarche contraire aux statuts actuels garantissant la souveraineté des Unions est telle qu’Eddy Khaldi écrira un deuxième courrier pour signifier l’exclusion de l’Union 49 de la Fédération nationale en prétendant faussement, et toujours aussi grossièrement, qu’elle aurait quitté d’elle-même la Fédération.

On apprend, par hasard, que les statuts d’une nouvelle Union ont été déposés en Préfecture avec un quarteron de DDEN qui, curieusement, ont été ceux qui ont combattu farouchement contre Khaldi pour l’intégration des Landron dans l’Union et leur élection au CA !!! Nous savons aussi qu’Eddy Khaldi est venu à Angers voir le DASEN pour lui dire qu’il venait pour organiser…. « la scission de l’Union officielle ».

L’importante Union des Bouches-du-Rhône, confrontée à la dégradation des écoles publiques des quartiers populaires de Marseille, est exclue de la Fédération nationale et Eddy Khaldy fonde une nouvelle Union à son service, Union très minoritaire malgré tous les moyens qui lui sont offerts.

L’Union des Alpes de Haute-Provence est exclue sous le prétexte inventé qu’elle n’aurait pas payée ses cotisations à la Fédération (qui renverra les chèques !).

Les Unions du Rhône, de l’Isère, des Deux-Sèvres, du Territoire-de- Belfort, de la Vienne, de Paris et d’autres sont sommées de rentrer dans le rang ou de se démettre !

Ce n’est plus une chasse aux sorcières, c’est un travail de démolition des Unions départementales émanant d’un souverain qui ne supporte aucun débat libre et fraternel. Tout désaccord devient un crime de lèse-majesté et nous savons tous qu’il n’y a rien de plus démoralisant pour ceux qui n’en comprennent ni les motifs, ni les objectifs et n’ont que leurs yeux pour pleurer devant ce gâchis.

Le Délégué laïque, avec l’aide de la Libre Pensée, a été édité pour que les informations soient données et pour que la discussion libre puisse se mener pour tenter de sauver la souveraineté de nos Unions Départementales menacées d’exclusion et la Fédération nationale d’une débâcle programmée.

En quoi la réforme des statuts de la Fédération représente un vrai danger pour toutes les Unions Départementales ?

Cette situation ahurissante est non seulement contraire aux principes des débats fraternels dans les Unions et dans la Fédération nationale, où les DDEN cherchent le consensus qui rassemblent et non l’intolérance qui divise, mais elle est aussi et surtout contraire aux statuts actuels dont la base est la souveraineté de chaque et toutes les Unions départementales. Aucun Président d’une Union départementale, aucun Conseil d’Administration d’une Union départementale, aucun adhérent, n’est tenu d’obéir à des décisions du Conseil Fédéral présidé par Eddy Khaldi. Les mandats des Unions ne sont pas donnés par la Fédération nationale, mais par les instances élues par l’AG de l’Union Départementale (relevant de la loi de 1901). C’est le fédéralisme.

La réforme des statuts de M. Khaldi vise à en finir avec le Fédéralisme pour lui permettre d’imposer à toutes les Unions les décisions qu’il prend avec son équipe. Et pour cela il lui faut une équipe homogène au service du Président. C’est le sens de l’incroyable épuration que le Président Khaldi a imposé.

La grande majorité des membres du Conseil Fédéral élu à Grenoble, il y a 5 ans, l’ont quitté, non retenus ou écœurés par le bonapartisme ambiant. Comme si cela ne suffisait pas, le Président Khaldi se permet de faire voter le Conseil fédéral, avant le Congrès contre des candidatures présentées par leur Union, mais qui ne lui plaisent pas. Ce ne serait déjà plus une élection démocratique par les Unions souveraines, mais la construction d’une clique dirigeante sélectionnée avant le Congrès permettant l’exercice d’un pouvoir absolu.

Ajoutons que le projet soumis au vote du Congrès a été adopté le 15 septembre 2022 par la Direction fédérale (respectant certes, à 2 jours près, le délai des 2 mois avant le Congrès) ce qui, tout le monde le sait, ne permettait pas une discussion sérieuse dans les instances des Unions départementales dont la plupart n’ont pas pu en discuter.

L’Union Départementale du Maine-et-Loire l’a fait collectivement en faisant connaître sa contribution en décortiquant le contenu précis et les conséquences concrètes du projet de nouveaux statuts.

Il serait bien que le Délégué Laïque verse cette contribution au débat.

Chacun pourra ainsi se faire sa propre opinion quant au Projet fédéral ouvrant la voie à l’éclatement de la Fédération nationale. L’obligation de chaque et de toutes les Unions de changer leurs statuts pour se plier aux exigences des nouveaux statuts nationaux implique l’abandon de leur souveraineté au prix d’un verticalisme autoritaire qui a fait tant de dégâts dans l’histoire des associations et organisations démocratiques.

Quand Erasme reprend la maxime que «les poissons pourrissent toujours par la tête », il signifie que les associations sont souvent victimes de leur direction n’hésitant devant rien pour se maintenir et consolider leur pouvoir. Le seul antidote connu c’est précisément l’exercice loyal de la démocratie, à tous les niveaux.

Comment voyez-vous l’avenir pour les DDEN ?

Il faut rappeler ici que les DDEN sont nommés par le DASEN avec des fonctions et des missions officielles très précises en faveur de l’École laïque, en particulier dans tous les domaines concernant les conditions de la vie scolaire et la laïcité.

Ces fonctions officielles sont définies par la Section 5 du Code de l’Éducation (articles D241-24 jusqu’à l’article D241-35….).

Ces fonctions officielles demandent au DDEN, qui siège au Conseil d’École, de rédiger annuellement un rapport de visites d’écoles parallèlement aux comptes-rendus des Conseils d’École qui sont des documents officiels, adressés à l’IEN de la circonscription et au Maire, et affichés publiquement à la porte des écoles…

Les autorités académiques et municipales sont tenues d’écouter les DDEN pour faire respecter les droits des enfants de disposer d’une école publique respectant tous les critères des conditions officielles de la vie scolaire définis nationalement. A la fois lanceur d’alerte et médiateurs, les DDEN peuvent travailler ensemble sur cette base, quels que soient leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses Ils sont indépendants du pouvoir, des Elus, des Municipalités, des partis et des syndicats. Indépendants aussi de la Fédération et de son Président !

[Voir article du Bulletin N°6 de l’Union du Maine-et-Loire citant un texte de Christiane Mousson, ex Présidente de la Fédération nationale]

C’est la force des DDEN par définition rassembleurs des amis de l’École publique. C’est cet outil que le Président Khaldi veut transformer en une cour à sa dévotion pour imposer à tous de faire ce qu’il veut en poussant dehors ceux qui veulent rester fidèles à leur engagement au service des écoles où ils sont affectés.

Si Khaldi parvient à faire passer ses nouveaux statuts, il ne peut pas interdire aux DDEN d’accomplir leurs missions en faveur de l’École publique. Sauf à les faire radier par les DASEN et le Ministre ! C’est pourquoi les Unions Départementales qui n’ont pas l’obligation d’adhérer à une Fédération peuvent vivre et vivront sur le seul programme qui représente leur engagement : les articles du Code de l’Education.

Khaldi peut briser sa Fédération avec ses coups de boutoirs, ses intrigues, ses exclusions… il ne parviendra pas à briser les Unions Départementales reposant sur le travail des DDEN pour faire respecter des conditions de la vie scolaire dignes de l’École de la République.

Et rien n’interdit à ces Unions d’échanger et de travailler ensemble, librement, pour confronter leurs expériences, leurs succès et leurs échecs dans et pour l’accomplissement de leurs missions.

Les Unions Départementales vivent et vivront avec la démocratie comme méthode et les articles de l’Education comme programme d’action.