Le Délégué laïque n°7 : Editorial

Fédération nationale des DDEN : Les maux et les mots, les faits et l’effet.

Quand la forme explique le fond…

Il n’est guère contestable que la Fédération nationale des DDEN est à un moment important de son histoire plus que séculaire. Le cours imposé par Eddy Khaldi depuis son accession à la présidence fédérale entraine une chute importante des effectifs des DDEN.

Combien restera-t-il nationalement de DDEN après le renouvellement de cette année ? Chacun s’interroge. Des risques de déserts militants dans certains départements sont à prendre au sérieux. Ce ne sont pas les trois départements concordataires qui vont changer la donne.

L’appel pathétique à la direction actuelle du Grand Orient de France, par des moyens détournés, pour essayer de trouver de bonnes âmes, bien aux ordres, ne trouvera pas grand écho pour empêcher l’irréparable. Le prix à payer est l’alignement complet sur la politique du Gouvernement. Cela risque fort d’être l’aveugle au bras du paralytique, avec au bout, l’échec programmé. Mais le calice d’amertume sera bu jusqu’à la lie.

Pire encore, si l’on peut dire. Il nous remonte d’un certain nombre significatifs d’endroits où le renouvellement permet d’épurer des Unions départementales les présupposés « opposants », hérétiques, mal pensants, mécréants de la chose néo-khaldienne. Vous verrez aussi l’opération de normalisation en cours dans l’UD des Bouches-du-Rhône. C’est un véritable scandale anti-démocratique, une opération de basse police.

Il y a comme un petit air de normalisation brejnévienne dans la FNDDEN.

Vous lirez dans ce numéro une analyse sur le « collectif laïc » auquel participe la FNDDEN et le rôle de celui-ci dans le soutien zélé à la mise en œuvre de la politique du gouvernement contre la laïcité et la loi de 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.

En combinant la loi « Sécurité globale », celle prétendument « pour renforcer le respect des principes républicains » et les trois décrets pour amplifier le fichage des militants, comment ne pas être inquiets de l’avenir qui se dessine ?

Les DDEN ont pu se préserver dans un environnement antilaïque, parce qu’ils étaient restés sur un socle indélébile : la défense de la laïcité de l’Ecole publique et la condamnation sans cesse renouvelée de la loi Debré. Aujourd’hui, la FNDDEN tourne le dos à cela et prête la main, le coude et le bras à une offensive antilaïque d’envergure.

La FNDDEN apporte un soutien éhonté à la politique du gouvernement Macron/Castex et de son ministre de l’Éducation de moins en moins nationale.

Sans les lois de 1901 et de 1904, il n’y aurait pas eu la loi de 1905. La loi dite « Séparatisme » modifie complétement le fonctionnement de toutes les associations, qu’elles soient laïques, démocratiques ou cultuelles.

Par l’obligation du « Contrat d‘engagement républicain », la loi impose une idéologie d’État (c’est le retour au Régime de Vichy), met la liberté de conscience sous le boisseau, contrôle d’une main de fer la liberté associative. Les associations ne seront plus l’expression vivante et citoyenne d’une démocratie qui se construit et qui vit librement, mais les associations seront à la botte du pouvoir, de tous les pouvoirs, au niveau national, régional, départemental et local.

Corsetées, enchainées, contrôlées et mises au ban de la société si elles sont considérées comme « déviantes ».

Que fait alors la FNDDEN ? Quand elle émet une critique, c’est pour dire que cela ne va pas assez loin, et qu’il faut frapper encore plus fort contre la liberté associative. L’actuelle « direction » de la FNDDEN tourne le dos à tout ce qui a constitué l’histoire si riche des DDEN dans leur combat pour la défense de l’Ecole publique laïque, et par là-même de la démocratie.

Œuvrons ensemble au sursaut laïque de la FNDDEN.

La voie serait-elle celle du grand « moraliste » à ses heures perdues, Jean-Christophe Cambadélis, qui n’a jamais brillé pour son esprit d’indépendance vis-à-vis du pouvoir, à propos du procès en sorcellerie contre l’UNEF : Ce n’est pas la FNDDEN qu’il faut dissoudre, mais sa direction ?

Paul Feldmann

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