A qui profite le crime et comment en sortir ?
De nombreux DDEN ont interpelé le « Délégué Laïque » pour avoir des informations sur l’évolution de la crise qui secoue depuis plusieurs mois la Fédération des DDEN face à l’entreprise de « normalisation » organisée par le Président Khaldi.
Les DDEN, qui ont pris l’initiative de cette publication, n’ont jamais eu l’intention de se substituer aux instances des Unions Départementales. Il s’agissait simplement de révéler des faits cachés par la Direction Fédérale afin que chacun(e) puisse se faire sa propre opinion sur le cours autoritaire et antidémocratique suivie par le Président Khaldi.
L’expression au Congrès national d’Obernai (novembre 2021) de huit Unions départementales sur les inquiétantes dérives autoritaires de la direction fédérale tentait de rétablir, dans la Fédération, les mêmes principes de liberté d’expression et de fraternité qui président au fonctionnement de la plupart des Unions Départementales. Il ne s’agissait donc pas, pour le Délégué Laïque, de mettre de l’huile sur le feu au moment où le Président Khaldi dénonçait publiquement comme des agents du « Délégué laïque » et de la Libre Pensée toutes celles et tous ceux qui avaient le malheur d’émettre une opinion différente… de la sienne.
Force est de constater que rien n’y a fait. La machine à exclure a continué de tourner entre les mains de Khaldi avec des mœurs et des méthodes piétinant complètement les droits des DDEN et des Unions départementales.
L’Edition d’un N° 10 du « Délégué laïque » s’imposait.
Bien évidemment si des Unions Départementales décidaient d’organiser elles-mêmes la communication des informations permettant d’échanger librement, sans censure ni excommunication, « le Délégué laïque » n’aurait plus lieu d’être.
En tout cas, le vœu principal exprimé est d’abord que les Unions Départementales conservent leur entière souveraineté que leurs statuts garantissent. Ce n’est pas le Président ni même le Conseil Fédéral qui peuvent dicter aux Unions Départementales celles et ceux qu’ils choisissent démocratiquement pour les représenter, ni ce qu’ils doivent penser, dire, décider et faire pour mettre en œuvre dans leurs écoles, circonscriptions et Département les missions qui leur ont été confiées en défense de l’Ecole publique et de la laïcité.
N’est-ce pourtant pas ce que le Président Khaldi veut imposer à tous avec son projet de nouveaux statuts nationaux se proposant de soumettre les Unions départementales au pouvoir central sous peine d’exclusion, et même de dénonciation de tel ou tel DDEN auprès des DASEN pour qu’ils procèdent à leur radiation, parce qu’ils n’obéissent pas aux ordres du souverain ?
A qui profite ce crime ? Le Président Khaldi vient de suspendre, par un simple courrier, véritable lettre de cachet, l’Union des DDEN du Maine et Loire ! Dans une Région de concurrence où l’École laïque, avec les DDEN, doivent se battre en permanence pour que les écoles publiques ne soient pas délaissées par des autorités municipales favorables à l’école catholique, où ils puisent une partie importante de leur électorat, cette de l’Union des DDEN 49 répond d’elle-même.
A qui profite le crime ? A Marseille, les autorités de l’Education Nationale sélectionnent 50 écoles des quartiers populaires (sur 174 identifiées comme délabrées) pour les transformer « en laboratoires » de « la territorialisation de l’école ». L’Etat se désengage.
Les DDEN le savent : la « territorialisation de l’école », tant vantée par les forces hostiles à l’Ecole de la République, la même pour tous les élèves du pays, ferait éclater l’Education Nationale et le statut de la fonction publique. Les écoles devenant « autonomes » et gérées par des élus politiques et des associations privées, seraient toutes dotées « d’un projet éducatif local », en d’autres termes « d’un caractère propre ». Ce ne serait plus l’Ecole laïque, la seule école de la République.
Que fait Khaldi ? Il procède à l’exclusion de l’Union Départementale des Bouches du Rhône de la Fédération pour installer une groupusculaire nouvelle Union à sa dévotion à qui il fournit, de Paris, tous les moyens d’exister.
En plus des Bouches du Rhône, de la Corse, des Alpes de Haute Provence, 8 autres Unions Départementales sont menacées d’exclusion de la Fédération. Leurs Présidents sont convoqués au siège national, sans défenseur, par lettre recommandée, avec l’épée de Khaldi au-dessus de leurs têtes.
La situation devient de plus en plus insupportable, l’ambiance exécrable, l’arbitraire permanent. La Direction fédérale annonce elle-même 9 000 adhérents quand il y en avait 18 000 il y a 5 ans. Une extinction programmée pour se débarrasser de ses encombrants DDEN, « fonctionnaires bénévoles » qui font des conditions de la vie scolaire leur passion ?
Nous ne sommes pas devenus DDEN pour subir ces assauts sectaires et arbitraires faisant du délit d’opinion une vertu fédérale !
Comment en sortir ? Les 8 Unions Départementales sous la menace d’exclusion cherchent une réponse. Rester dans la Fédération, la quitter, aller vers une autre Fédération, démissionner ? La libre discussion peut seule répondre et en premier lieu dans les Unions Départementales elles-mêmes. La souveraineté des Unions ne se marchandent pas. Ce sont elles, leur Conseil d’Administration, leur Bureau, leur Président, leur AG qui décideront de leur avenir.
« L’Union vit et vivra » a prononcé le CA de l’Union du Maine et Loire contre « la suspension en vue d’une exclusion » prononcée contre elle. Une AG extraordinaire est convoquée.
Rappelons-le : les DDEN ont une double fonction :
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Une fonction officielle (administrative). Elle est définie par la nomination de chaque DDEN pour 4 ans renouvelable par le DASEN après consultation du CDEN et des articles du Code de l’Education. (articles). Les DDEN de chaque circonscription élisent un Président de circonscription et ceux-ci élisent un Président de Délégation Départementale (qui siège au CDEN avec voix consultative).
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Une fonction associative (loi de 1901). C’est l’Union Départementale qui se dote de statuts comprenant l’élection d’un Conseil d’Administration par l’AG, d’un Bureau élu par le CA comprenant un Président, un Trésorier et éventuellement d’un Vice-Président.
Bien souvent, dans les Unions Départementales, les Présidents de la Délégation et de l’Union sont assurés par le même collègue élu en AG. Historiquement, les 2 fonctions, administratives et associatives, se confondent souvent.
En tout cas c’est ce double aspect de nos fonctions de DDEN qui permet à un DDEN nommé par le DASEN d’adhérer ou non à l’Union Départementale (alors qu’à l’inverse si on n’est pas nommé DDEN on ne peut pas adhérer à l’Union Départementale).
De même, toute Union Départementale peut ou non adhérer à la Fédération. C’est l’AG qui décide.
Cette particularité historique a une conséquence importante : Un DDEN exclu par Khaldi ou son Union n’est pas radié et peut continuer à exercer ses fonctions. Seul le DASEN peut radier un DDEN et encore dans des conditions de respect des droits à présenter sa défense, droits fixés par le Code de L’Education, et encore dans les statuts de la Fédération.
Constatons ici que le Président Khaldi s’est émancipé de l’obligation de garantir aux adhérents et aux Unions l’exercice effectif de leurs droits à présenter leur défense allant jusqu’au recours au Congrès national.
Dans la Fédération on peut sanctionner un DDEN sans même l’avoir entendu et même contre l’avis de son Union Départementale !
Ce n’est pas un régime de pouvoir absolu, puisque Khaldi ne peut radier aucun DDEN, mais seulement les exclure sans défense, mais nous y sommes presque !
On a ainsi découvert que Mr Khaldi a supplié le DASEN du Maine et Loire, par un courrier confidentiel, de refuser 2 candidatures comme DDEN dans ce Département présentées par l’Union Départementale, dont il vient de prononcer la suspension parce que ces 2 DDEN ont été élus démocratiquement au Bureau de l’Union !
La gravité de la situation n’échappe à personne. Sous le règne de Khaldi, une Fédération historique, composante du mouvement laïque duquel elle s’isole de plus en plus, est menacé d’éclatement, voire de disparition.
Le devoir d’alerte est sacré pour un DDEN. Plusieurs Unions attachées à leurs missions et leur indépendance ont alerté.
L’Ecole publique et laïque n’a pas besoin d’un dictateur à la tête d’une Fédération des DDEN. Elle a en revanche besoin de DDEN qui ont comme mission officielle de veiller aux bonnes conditions de la vie scolaire et à l’égalité des droits des élèves sur l’ensemble des écoles publiques du pays.
Sauvegarder et maintenir la souveraineté des Unions Départementales maîtresses d’elles-mêmes, de leurs décisions, de leurs représentants et de leurs actions en défense de l’école de la République, comme de leur affiliation ou non à une Fédération, n’est-elle pas devenue un devoir et un enjeu immédiat pour les DDEN et pour l’Ecole de la République dont ils sont les gardiens ?
Michel Bureau